Mark Galli, une figure évangélique devenue catholique

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Mark Galli
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Mark Galli, une figure évangélique devenue catholique

Loubna Anaki
28 septembre 2020
Tournants
Le 13 septembre dernier, Mark Galli, ancien rédacteur en chef du magazine Christinanity Today s’est converti au catholicisme. Un itinéraire spirituel plutôt qu’un revirement spectaculaire, qui n’en reste pas moins un symbole fort pour des évangéliques que la présidence Trump divise.

En décembre 2019, l’espace de quelques jours, il était devenu l’évangélique le plus connu des Etats-Unis. Mark Galli, alors rédacteur en chef du magazine Christianity Today, avait appelé à la destitution de Donald Trump, le qualifiant de «président immoral». Sa conversion au catholicisme a moins fait parler d’elle. Elle est «l’aboutissement d’un long voyage spirituel personnel», précise l’ancien pasteur. Pour Mark Galli, l’introspection spirituelle commence dans les années 1990 lorsque, pour les besoins d’un article, il étudie la vie de saint François d’Assise. Il tombe en admiration devant le message et les principes portés par le religieux italien. D’abord pasteur presbytérien, Mark Galli devient épiscopalien puis anglican avant de décider de choisir le catholicisme. Dans une récente interview, il explique qu’il ne rejette pas vraiment l’évangélisme, mais plonge plus profondément dans l’anglicanisme. C’est notamment en raison de son basculement vers le catholicisme qu’il décide, quelques mois après son article sur Donald Trump, de quitter son poste au sein de Christianity Today qu’il occupait depuis plus de trente ans.

Evangélisme républicain

Mais si Mark Galli assure que son choix n’a rien de politique, sa conversion ne passe pas inaperçue dans un pays où les divisions politiques et religieuses n’ont jamais été aussi exacerbées, surtout à moins d’un mois et demi de la présidentielle. Depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, en partie grâce au soutien des évangéliques, beaucoup disent ne pas se reconnaître dans cet «évangélisme républicain».

Aujourd’hui, le mot ‹évangélique› est très flou.

Mais selon André Gagné*, professeur d’études théologiques à l’université Concordia, à Montréal, «on ne peut pas vraiment parler de phénomène de conversion au catholicisme», il s’agirait plutôt de «cas isolés». «Aujourd’hui, le mot ‹évangélique› est très flou», explique André Gagné, «il désigne des gens de toutes sortes de dénominations qui parfois n’ont pas les mêmes croyances ou les mêmes convictions politiques». Le groupe évangélique américain est très divers, comptant des membres des plus traditionalistes aux plus progressistes, mais ce sont souvent les conservateurs, les républicains, qui occupent les devants de la scène politique et religieuse. Une réalité qui «pousse certains à se distancier du mot ‹évangélique› pour se définir plutôt comme chrétien».

Quête d’unité

Pour Mark Galli, ce sont avant tout les différences théologiques, les divisions qui l’ont poussé au fur et à mesure des années vers l’Église catholique. «La véritable unité nécessite plus qu’un consentement mental et émotionnel. Il faut accepter de se soumettre à une structure, à une philosophie et une à façon de faire les choses ensemble», explique l’ancien pasteur, même s’il reconnaît que l’Église catholique a, elle aussi, besoin de réformes et qu’il a encore du mal avec certaines notions liées à sa nouvelle foi. Cette quête d’unité, «on la retrouve souvent chez les gens qui décident de quitter l’évangélisme pour des traditions plus anciennes», analyse André Gagné, «l’idée d’appartenir à une longue tradition intellectuelle chrétienne».

Conférence 

Vous pourrez entendre Mark Galli, André Gagné et Loubna Anaki lors de notre soirée du 27 octobre, Élections américaines: la droite évangélique a-t-elle déjà gagné?. 

Au Centre culturel des Terreaux, à Lausanne. Infos: reformes.ch/debats

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