Un peu plus tard dans la saison, Antoine Auberson laissera (un peu) son saxophone de côté. Et prendra la parole sur scène pour la première fois dans un spectacle musical, qui évoque la trajectoire d'un érudit un peu sauvage qui vivait à Belle-Île-en-Mer.

La pièce "Le Bouc" sera jouée dès le 29 septembre à Lausanne après Avignon où le spectacle aura été rôdé du 9 au 31 juillet à l'Espace St-Martial, dans les deux espaces dont s'occupe l'homme de théâtre et pasteur Jean Chollet. « Le Bouc! Le bruit court que le mal court » a été créé en septembre dernier par un collectif d'étudiants de La Manufacture, la Haute Ecole de Théâtre de Suisse romande, installée à Lausanne.

« Pour ce premier spectacle, nous avions truffé le texte de Fassbinder d'extraits de discours du conseiller national UDC Oskar Freysinger, a expliqué Karim Belkacem, le jeune metteur en scène, mardi devant la presse à Lausanne. L'idée de reprendre cette pièce écrite par Fassbinder en 1969, âgé de 24 ans (ndlr : Karim Belkacem et les comédiens du collectif ont environ cet âge-là) est née au moment de la votation sur l'initiative UDC pour le renvoi des criminels étrangers, a expliqué le metteur en scène à ProtestInfo.

Depuis les premiers spectacles, et les débats qui ont suivi, M. Belkacem a retravaillé le spectacle avec les comédiens. « Nous avons supprimé les extraits du discours du politicien valaisan ». Le texte de Fassbinder suffit à souligner le propos. Pas besoin de forcer le trait. Et les jeunes gens ont préféré laisser une marge d'interprétation plus grande aux spectateurs.

Le propos du spectacle? Jorgos, un jeune travailleur grec immigré fait irruption dans un village bavarois. Il suscite rapidement rejet et fascination. Que vient-il faire ici? Voler? Violer? La communauté ira jusqu'au lynchage.

Faire du théâtre politique? « Oui, mais c'est délicat de faire du théâtre politique sans franchir la limite de faire de la politique au théâtre, explique le jeune homme. Brecht disait que le théâtre a pour tâche 'd'apprendre au peuple à avoir peur de lui-même pour lui donner du courage' », a-t-il conclu.

« Le garçon de la falaise »

Autre spectacle, le saxophoniste lausannois Antoine Auberson, lâchera pour la première fois son saxophone pour prendre la parole sur scène. « J'ai rencontré un homme quand j'avais 13-14 ans, et cette rencontre m'a marqué. Il habitait Belle-Île-en-Mer, un endroit où je passais mes vacances », a-t-il expliqué.

Ce personnage insolite citait Voltaire en réparant son tracteur. « Extrêmement érudit, ce fils d'un père traducteur de Joyce et d'une mère pianiste, qui avait choisi de vivre à l'écart, ce fils donc savait tout faire de ses mains. Ma tante l'a incité à écrire. Nous nous sommes inspirés de son livre pour écrire les textes et la musique » , a poursuivi le musicien. « Je n'ai jamais oublié cet homme, son oeil bleu, sa façon de parler comme une mitraillette avec l'accent breton. »

Le spectacle sera joué à Tavel/Clarens le 27 mai au Caveau du Gouverneur à 20h30 (gratuit). Il rejoindra ensuite Avignon pendant un mois et l'Espace culturel des Terreaux en mars 2012. Antoine Auberson est accompagné d'Alexandre Cellier et d'Annick Rody.

* Le spectacle « Le Bouc » ouvre la saison pour les abonnés. Avant lui, « Credo – Tango Mon amour » aura ouvert les feux le 20 septembre. Octavio de la Roza est un danseur et chorégraphe argentin, ancien danseur étoile du Béjart Ballet Lausanne, qui a créé sa compagnie en 2008.

Tania Buri

LIENS : www.saint-martial.org , www.terreaux.org

INFOS

L'Espace culturel des Terreaux propose toujours une programmation aussi riche. Pour sa 8e saison, dix spectacles à l'abonnement, deux spectacles hors abonnement, des conférences, des ateliers et des contes au Café-bar Le Sycomore attendent les amateurs.

Quelques nouveautés :

Trois spectacles, présentés en collaboration avec des compagnies lausannoises :

• « Credo – Tango Mon amour », lire plus haut
• « Le Bouc », lire plus haut
• « Prozac, people et tamiflu », créé par un collectif emmené par Evelyne Knecht, joué en mars 2012. Ou comment faire plus, mieux en moins de temps et meilleur marché sans recourir à la chimie.

Deux spectacles présentés avec les catholiques :

• « La Navidad, Noël latino », joués par 40 jeunes de l'Arc lémanique en décembre à Lausanne
• « Francesco », l'histoire de Saint-François en janvier 2012

Des cours de formation continue, validés par l'Université de Neuchâtel :

• Lytta Basset : Trouver sa voie. Enjeux de l'accompagnement spirituel. Du 30 janvier au 20 février

Deux conférences de Lytta Basset et d'Alexandre Jollien sur le suicide et la fragilité, les 2 et 15 novembre.

Figures du protestantisme :

• En collaboration avec Saint-Laurent-Eglise, l'Espace culturel des Terreaux propose trois cycles consacrés à trois figures du protestantisme au 20e siècle : Dietrich Bonhoeffer, le pasteur qui a essayé d'éliminer Hitler (octobre 2011), le médecin Albert Schweitzer (janvier 2012) et Frère Roger, le fondateur de Taizé (mars 2012). Lectures ou concerts, conférences et films se succéderont chaque fois sur trois jours. tb

Un théâtre dans une Eglise

L'Eglise des Terreaux a été transformée en théâtre en 2004. la Fondation des Terreaux y présente depuis des spectacles, des conférences et des débats dans lesquels les questions sociales, éthiques et spirituelles sont clairement présentes. Cette Eglise a ouvert ses portes en 1890, peut-on lire dans le dossier de presse.

Elle a d'abord été un lieu de cultes de l'Eglise libre avant de rejoindre l'Eglise évangélique réformée du canton de Vaud en 1966. Des travaux sont prévus cet été, qui permettront notamment aux handicapés d'accéder à la salle en chaise roulante. tb