Quand Noël se fait bleu…
De nos jours, il est très facile de s’imaginer le temps de l’Avent comme un simple et stressant compte à rebours jusqu’à Noël, avec ses décorations festives qui envahissent les rues, ses montagnes de cadeaux qui débordent des vitrines avant d’envahir les pieds des sapins de Noël, et tout une série d’apéros, de verrées, de repas de boîtes, de fenêtres de l’Avent ou de fêtes de famille. Que l’on redoute ou non la fin du compte à rebours, une chose est certaine: le temps de Noël a une couleur tout à fait unique dans notre calendrier, car il marque au minimum la fin de l’année civile.
Dans la tradition liturgique, cette fin n’en est pas une, vu que l’année se termine en novembre avec la fête du Christ Roi, et donc l’année débute avec le temps de l’Avent. Et cette période n’est certainement pas une pénible et stressante fuite en avant, mais une période d’attente, d’anticipation d’une lumière qui va enfn se lever, d’un Sauveur qui va enfn venir, d’un amour qui va enfn triompher. Cette attente peut parfois être impatiente et heureuse, car le jour de Noël est porteur d’une telle évidence de tendresse et de joie que l’on se réjouit d’y être déjà. Mais elle peut aussi être une attente lente, lourde et douloureuse. En particulier quand le temps de Noël annonce une fête de famille où il manquera une personne chère à table, emportée par l’âge, un accident ou la maladie. Où une chaise sera vide, car il y a eu rupture, ou que c’est tout un pan de table qui manque, arraché par une guerre, une fuite, un asile. Ou même, parce que l’on redoute d’arriver à un repas où la table sera pleine, et nourrira le risque de réveiller des vieilles rancœurs, des non-dits en souffrance, des pardons qui tardent à se donner.
C’est pour toutes ces personnes-là que, dans certaines traditions chrétiennes, l’idée de célébrer un Noël bleu a émergé. Un Noël où la couleur est froide, légèrement dissonante comme la fameuse note bleue qui vient perturber la mélodie attendue au risque d’y manifester un accord tremblant. Dans notre région, cela fait plusieurs années que cette célébration est portée par la pastorale œcuménique et ainsi c’est avec l’ensemble des communautés anglophones et francophones du district que nous invitons chacune et chacun qui aurait besoin de réconfort et d’espérance durant cette période de l’année à venir le dimanche 8 décembre, à 16h, au temple de Gingins pour se blottir dans la présence de Dieu.