Comme un vitrail en hiver
Nous nous rapprochons du solstice d’hiver: l’obscurité grignote les heures du jour. A l’intérieur même de nos temples, il faut maintenant s’éclairer presque tout le temps. Les vitraux ternissent, perdent leurs jeux fluctuants et leurs projections inédites sur les sols et les visages qui s’élèvent vers eux.
Soit, mais nous avons de la ressource, nous ne sommes plus au Moyen Age. Nos luminaires basse consommation nous donnent des ailes. Nous ne nous laisserons pas éteindre. Nous éclairerons donc nos vitraux vers l’extérieur, vers les quartiers qui, silencieusement, dans une sourde attente, entourent nos vénérables Maisons de Dieu. Nos vitraux resplendiront au-dehors. Nos quartiers en seront-ils touchés?
Mais attention… Comme un gant que l’on retourne, qui de dextre devient senestre, de dehors la gauche et la droite s’inverseront. Le bon larron sera à la gauche de Jésus crucifé. Elie se tiendra à la droite de Jésus transfguré, prenant le pas sur Moïse gauchi. Le Fils de l’Homme se retrouvera à la gauche du Père dans sa puissance. Luc 22, 69 chamboulé, quel désordre!
Eclairons donc nos vitraux, plaçons nos quartiers sous les couleurs discrètes et mystérieuses de nos verrières. Et pour le désordre évoqué, comment le corriger? Il y a deux moyens: le premier, c’est d’entrer! On s’y retrouvera. Le second serait d’adosser à notre renversant verset de Matthieu 10, 16 («les derniers seront les premiers, et les premiers les derniers») une version nouvelle: «les gauches seront les droits, et les droits seront les gauches». Ces moyens peuvent être recommandés l’un et l’autre, n’est-ce pas?