Ils exposent leur credo à la cathédrale de Lausanne

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Ils exposent leur credo à la cathédrale de Lausanne

Vincent Volet,
23 janvier 2012
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Bonne Nouvelle

Aujourd’hui, chacun est libre de croire ce qu’il veut. Au fil du temps, cependant, l’Eglise a tenté d’éviter son émiettement en formulant les éléments essentiels qui exprimaient la foi. De grandes assemblées, dans les premiers siècles, ont ainsi défini un credo. Cela permettait de mettre en évidence les points d’accord et de désaccord entre divers courants du christianisme naissant.

Dans un souci d’actualisation, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) a lancé l’an dernier une démarche pour rechercher des textes anciens et contemporains dans lesquels les protestants puissent se reconnaître, des textes qui puissent faire partie du trésor commun des Eglises réformées de Suisse. Une manière pour les protestants de Suisse de renoncer à formuler une confession unique pour tous les réformés. Dans le canton de Vaud, le concours Credofolies a connu un joli succès. Une trentaine de personnes y ont répondu.

« Partager un ressenti »

Le pasteur Olivier Favrod l’a organisé: « Les chrétiens du Ve siècle disaient croire à la résurrection de la chair. Il est difficile de dire aujourd’hui la même chose en espérant être compris. Plutôt que de donner des explications supplémentaires, nous voulons tenter de redire les choses avec des mots qui parlent. » Des gens de tous âges ont participé, des groupes d’éveil à la foi chez les tout-petits jusqu’aux personnes âgées.

Témoigner de sa foi n’est pas seulement rendre compte d’un contenu avec des phrases, mais aussi partager un ressenti, une expérience, un vécu.

Textes, dessins et peintures, moulages et sculptures, musiques et installations multimédia, visages, animaux, arbres ou calligraphies… les formes les plus diverses ont été utilisées pour exprimer la foi. « Témoigner de sa foi n’est pas seulement rendre compte d’un contenu avec des phrases, mais aussi partager un ressenti, une expérience, un vécu », note le pasteur.

Le langage est souvent poétique, comme s’il n’était pas si simple de dire ce que nous croyons. « Le poète, comme l’artiste, joue avec des formulations évocatrices autant qu’avec des énoncés ciselés. » L’organisateur voit un intérêt supplémentaire à cette recherche. « Les autorités de l’Eglise vaudoise souhaitent encourager les fidèles à exprimer leur foi et à en rendre compte. » Jadis, cela allait presque de soi d’être chrétien, d’être protestant. Il n’y avait nul besoin de s’en expliquer. « Dans le paysage interreligieux d’aujourd’hui, cela n’est plus le cas. Il incombe à chacun de se donner les moyens de rendre compte de sa foi. »

L’exposition des travaux soumis, à la cathédrale, illustre cette diversité: « Celui qui cherche une expression commune de la foi aura peut-être un sentiment d’éclatement, prévient Olivier Favrod. Celui qui est à la recherche d’expressions de la foi qui puissent être reçues dans le monde d’aujourd’hui aura plutôt l’impression d’une diversité réjouissante. La foi n’est pas figée. Elle est appelée à évoluer. Si Dieu reste lui-même, notre manière d’y croire et d’en rendre compte bouge. »

Un Dieu Père et Mère ?

Les réformés, il y a cinq siècles, ont déjà rédigé des « confessions de foi » et publié des textes comme « La Confession de La Rochelle » en 1559, ou « La Confession helvétique postérieure », à Zurich en 1566, qui avaient pour but d’exprimer au mieux la foi réformée, dans sa contradiction avec la foi catholique. Parallèlement, les réformés ont continué à se référer à des confessions de foi anciennes comme le Symbole des apôtres, du IIIe siècle, ou celui de Nicée-Constantinople, qui date de 381.

Certaines Eglises protestantes, l’Eglise genevoise par exemple, se sont dotées d’une expression officielle de leur foi qu’elles ont fait évoluer au fil du temps. D’autres Eglises n’en ont pas, comme l’Eglise réformée vaudoise, dont les membres se reconnaissent par le respect de « principes constitutifs ». Cinq siècles se sont écoulés depuis la Réforme. Affirmer péremptoirement la toute-puissance de Dieu n’est plus aussi évident qu’autrefois. Le féminisme étant passé par là, faut-il parler d’un Dieu Père et Mère? L’individualisme ambiant ne simplifie pas la question.

«Chez les réformés, in fine, la foi et son contenu sont quelque chose d’éminemment personnel, conclut Olivier Favrod. Cela encourage le protestant à chercher l’expression propre de sa foi. S’il y a adhésion, c’est adhésion au Christ, avant que ce soit adhésion à une Eglise dans sa manière d’énoncer la foi. »

* A voir
L'expo est à voir de 7h à 19h jusqu'àu 12 février. La remise des prix, dont celui du public, a lieu ce vendredi 27 janvier à 18h à la cathédrale.