Théâtre: une pasteure comédienne emmène son public des montagnes neuchâteloises à Beyrouth
La comédienne campe Sofia, une orthodoxe grecque de Palestine exilée au Liban. Sur une terrasse au coeur de l'été beyroutin, elle rêve avec trois autres femmes, une juive, une musulmane et une chrétienne maronite. Mais Laurence Tartar sera seule sur scène.
« J'utilise la technique japonaise du nô pour figurer mes personnages. Mais ce ne sera pas un one-woman-show », précise l'auteur-interprète. Arrivée de France il y dix mois, cette pasteure de 50 ans exerce un ministère à 60% sur le plateau de Diesse (BE) après avoir occupé plusieurs postes dans l'Eglise réformée de France.
« Je me suis inspirée de mon vécu à Beyrouth et en Palestine pour écrire Terrasses », précise Laurence Tartar, mariée à un Syrien. Dans la pièce, le destin des femmes va basculer dans la touffeur d'un jeudi du Proche-Orient. Une affaire de cigarette qu'on peine à allumer, de mariages arrangés, de murs brisés... Le spectacle, d'une durée de près de deux heures, a petit à petit pris forme à partir de contes que la pasteure réservait à ses catéchumènes. Il tourne depuis l'an dernier, mais la salle de spectacle des Brenets l'accueille en première suisse.
« Pays du refuge »Car on l'a dit, Laurence Tartar arrive de France. Comédienne depuis vingt ans, elle fonde sa propre compagnie en 2005, « Est-ce en ciel ». Mais cette grande voyageuse doit renoncer à y exercer ses deux métiers de concert. « C'était mal vu et trop difficile financièrement, explique-t-elle. Pour moi, la Suisse est un peu le pays du refuge. » En début d'année, elle y a joué Les Voyageuses, un spectacle en forme de galerie de portraits de femmes de la Bible, mais pas seulement. Une pièce qu'elle a déjà jouée près de 200 fois... Et elle ne compte pas en rester là. Des dates sont déjà prévues dans le Jura bernois ces prochains mois, notamment à Tramelan.
Dimanche 22 avril au temple des Brenets, Laurence Tartar troquera son habit de comédienne pour celui de pasteure. Après s'être glissée dans la peau de la femme samaritaine qui rencontre Jésus, elle enfilera sa robe de prédicatrice. « Il n'y a rien de contradictoire. J'essaie d'avoir la même sincérité dans ces deux métiers », glisse la Bernoise d'adoption. Le « groupe au féminin » des Brenets animera quant à lui la partie liturgique de la célébration. Sur une initiative de la pasteure Karin Phildius, c'est la pastorale oecuménique du Val-de-Morteau qui organise pour la deuxième fois un tel week-end. S. R.
A savoir et à lireLe spectacle est à voir samedi 21 avril à 20h à la salle de spectacle des Brenets (en dessous de la gare, au dessus du temple). Pour tout public, entrée libre, collecte à la sortie. Le culte a lieu le lendemain à 10h au temple des Brenets.
Laurence Tartar a tiré un ouvrage de son spectacle Les Voyageuses: Femmes de terre et femmes du ciel. Il est disponible aux éditions Olivétan. D'autres projets de publication de ses spectacles et de ses contes sont en cours.