Morges (VD), halte d'un sentier huguenot européen en chantier
Comme aux XVIIe et XVIIIe siècles, les voyageurs emprunteront les voies terrestre et lacustre pour gagner Morges (VD) le samedi 2 juin. Venus de France, d’Italie, d’Allemagne ou des cantons romands, ces exilés d’un jour monteront à bord de deux embarcations depuis Genève et Versoix (GE). D'autre part, des randonneurs suivront deux itinéraires au départ de Saint-Prex et d'Aubonne (VD).
« Si aujourd'hui certains parlent d'exil fiscal, il s'agissait bien à l'époque d'un exil religieux », a expliqué Pierre-André Glauser, membre du comité d'organisation de la fête et conseiller synodal de l'Eglise évangélique réformée du canton de Vaud. Avant de préciser que ce sentier « sur les pas des Huguenots et des Vaudois du Piémont » a également une visée culturelle et de mémoire. Il s'exprimait lundi 7 mai lors d'une conférence de presse donnée dans l'arsenal de Morges.
Pas de balisage suisseDepuis près de dix ans, les randonneurs peuvent donc mettre leurs pieds dans ceux des 170 000 protestants fugitifs, privés de leur liberté de conscience sous le règne de Louis XIV, notamment. Au départ du village de Poët-Laval en Drôme provençale, un itinéraire balisé a peu à peu été tracé en direction de la Savoie.
Mais jusqu’à ce jour, la Suisse n’accueille aucune signalisation. « Ici, au contraire de la France et de l'Allemagne, nous ne bénéficions pas d'un financement européen », souligne Jean-Daniel Payot. Avec une équipe de l'association des amis du Musée international de la Réforme, il avait mis sur pied l’inauguration du tronçon genevois à l'automne 2010. Deux randonneuses françaises arrivaient alors à dos d'ânes après un long périple.
Cette voie transeuropéenne sillonne également les cantons de Neuchâtel, de Berne ou encore d’Argovie et de Schaffhouse. « Une association romande pourrait naître pour fédérer l’émulation née autour du projet », se réjouit Pierre-André Glauser. Au niveau national, la Fondation VIA s'active pour trouver des fonds et réaliser la jonction entre la France et l'Allemagne. Mais elle n’a aujourd’hui que 50 000 francs en caisse. Or il en coûterait dix fois plus pour baliser les 350 kilomètres du tracé helvétique. A moyen terme, la création de topo-guides ou d’applications pour smartphones pourraient suivre. Mais l'heure est aujourd'hui plutôt aux démarchages d'acteurs touristiques régionaux.
Caisse de résonance morgienneDu coup, les organisateurs espèrent que la fête de Morges servira de caisse de résonance au sentier. Elle sera aussi l’occasion de mettre en valeur certaines figures locales ancrées dans l’histoire huguenote. Parmi elles, le réfugié Henri Duquesne, auteur des plans du port de la ville, construit entre 1691 et 1696 sur la volonté des Bernois. Ou encore la célèbre famille de Beausobre, aujourd'hui éteinte, mais qui a marqué Morges de son empreinte.
Les Vaudois du Piémont – disciples du Lyonnais Valdo, également contraints à l’exil – seront aussi à l’honneur via une exposition au temple de la ville du 1er au 10 juin. Un chœur d’hommes originaire de cette région du Nord de l'Italie agrémentera la virée en bateau et ponctuera les conférences du samedi après-midi. Ils chanteront en italien, en patois et en français. S. R.
PratiqueLes infos pratiques pour la fête du 2 juin sont accessibles via le site de l'Eglise évangélique réformée du canton de Vaud, où un document pdf peut être téléchargé. Vous y trouverez notamment les horaires des deux randonnées, les coordonnées pour s'inscrire aux virées sur le Léman ainsi que tout le détail du déroulement des festivité en ville de Morges durant l'après-midi.
On peut aussi noter le culte régional du dimanche 3 juin à 10h à la Cathédrale de Lausanne. Il accueillera les chanteurs du Coro Valpellice et un prédicateur piémontais.
Plus d'infos sont aussi disponibles sur le projet européen, tout comme sur une petite vidéo de présentation.