Les sans-abri survivent dans des conditions qui ne sont pas dignes. Les personnes dont la misère a rongé la liberté sont confinées à la marge de notre société. Elles souffrent d’exclusion et d’indifférence. Le drame du photographe René Robert, gisant des heures sur un trottoir parisien, a montré que l’on peut mourir de l’indifférence des regards.

En 2013, lors de la dernière assemblée générale du Conseil œcuménique des Eglises, la Commission de mission et d’évangélisation a affirmé sa volonté de mener une mission par les marges. Le document Ensemble vers la Vie: mission et évangélisation dans des contextes en évolution se distancie d’une mission pour les marges. Une mission «pour» comporte le risque d’entretenir une relation paternaliste, maintenant des rapports de pouvoir. Une mission «par» cherche à développer le potentiel d’action des gens en souffrance, de les rendre acteurs de leur vie et de la vie de l’Eglise.

De plus, l’Eglise a un rôle prophétique de contestation des «systèmes qui engendrent et entretiennent la pauvreté massive, la discrimination et la déshumanisation de beaucoup, et qui exploitent et détruisent les personnes et la terre», Ensemble vers la Vie, § 37. La crise économique liée au Covid révèle un système qui paupérise les pauvres. Notre modèle de société n’est ni juste ni durable. L’Etat a donné une première statistique du nombre de sans-abri; à l’Eglise de leur donner une place dans sa mission, une voix dans le Monde.