«Noël sera une belle période pour arrêter»
Débarquée dans la métropole horlogère par hasard, pour un remplacement de congé maternité de quelques mois au sein de la paroisse de langue allemande, Elisabeth Müller Renner n’en est jamais repartie. La collègue avec laquelle elle avait fait ses études s’est rendu compte que ce travail serait trop prenant avec un enfant. «J’ai été engagée à la condition d’apprendre le français. Je ne le parlais pas du tout, c’était un vrai point faible! Pendant deux ans assez intenses, j’ai suivi assidûment des cours de français et j’ai fait des exercices quotidiennement tout en travaillant», se remémore la pasteure.
Aujourd’hui, elle s’agace un peu qu’on lui dise encore qu’elle a un accent allemand quand elle parle le français… mais aussi qu’elle a un accent français quand elle s’exprime en suisse allemand. «Lorsque j’ai suivi une formation continue en Valais, une villageoise m’a dit que j’avais l’accent neuchâtelois! Ça m’a fait plaisir, ça prouve que je suis bien intégrée!» rigole la Bernoise d’origine.
Inspirée par deux pasteurs
C’est, en effet, dans la capitale qu’elle est née, a passé son enfance et étudié dans une haute école pour devenir enseignante… avant de suivre le cursus en théologie. Une évidence pour cette petite-fille de pasteur: «J’ai presque grandi dans sa cure, un grand bâtiment avec un jardin qui était le paradis pour moi. J’étais impressionnée par la manière dont mon grand-père travaillait. Il me prenait parfois avec lui lorsqu’il faisait des visites. La seconde personne à m’avoir conduite vers la théologie était le pasteur de mon quartier.» Avec le groupe de jeunes qu’il avait formé, Elisabeth Müller Renner participe à de nombreux camps qui tracent sa future voie.
A l’issue de ses études de théologie, elle effectue des remplacements dans des paroisses bernoises durant deux ans, avant de tomber par hasard sur l’offre neuchâteloise affichée sur un panneau de l’Uni. Lorsqu’elle entre en fonction, ils étaient quatre ministres à faire vivre la communauté de langue allemande. Puis la paroisse a été dissoute et Elisabeth Müller Renner a été intégrée à celle de La Chaux-de-Fonds. Depuis quelques années, elle n’a plus qu’un modeste 10% de son temps de travail à consacrer aux paroissiens germanophones de toute la partie du haut du canton de Neuchâtel. Son temps de travail ayant été irrégulier durant toute sa carrière, elle a complété son revenu en travaillant en parallèle dans un service d’information pour femmes puis en donnant des cours d’allemand dans une école de langues.
Le plaisir des visites
Depuis plusieurs années, Elisabeth Müller Renner est engagée dans les formations de base et continue des visiteurs et visiteuses bénévoles. Mais les visites sont le cœur de son ministère depuis toujours: «Il me semble que j’en ai fait vraiment beaucoup, surtout à domicile et quelquefois à l’hôpital pour prendre des nouvelles des membres de la paroisse. Cela a toujours été mon activité préférée.» En plus de cela, elle célèbre encore un culte par mois pour la communauté de langue allemande et marque les fêtes. Celle de Noël sera sa dernière: «C’est une belle période pour arrêter. Plusieurs éléments m’ont fait sentir que c’était le bon moment pour prendre une retraite anticipée de quelques mois, notamment le fait d’avoir quelquefois moins d’énergie.»
Balades de ressourcement
La Chaux-de-Fonnière d’adoption aime encore son métier, même s’il n’est pas toujours facile à exercer: «J’ai beaucoup donné. J’ai toujours eu du plaisir à le faire, mais il est aussi vrai que j’ai souvent dû jongler pour avoir une demi-journée de congé. Je me suis ressourcée en marchant beaucoup dans la nature toute proche, notamment pour observer les oiseaux et les fleurs. Avec mon mari, nous avons eu deux chiens. Leur compagnie donnait tout de suite un sujet de conversation lorsque l’on croisait d’autres promeneurs.» Elisabeth Müller Renner aura bientôt tout le temps de se balader en toute quiétude.