La manne, le pain de vie et la pierre blanche
La couche de rosée se leva. Alors, sur la surface du désert, il y eut quelque chose de fin, de crissant, quelque chose de fin tel du givre, sur la terre. «Mann hou?» «Qu’est-ce?» La maison d’Israël donna le nom de « manne » à une nourriture céleste, semblable à de la graine de coriandre, blanche de couleur et au goût savoureux d’un gâteau au miel. Cette dénomination pourrait être reliée au nom donné à un papillon, la manne, voué à vivre un temps éphémère de quelques heures seulement. La manne est, de manière extraordinaire, unique et imprévisible à chaque fois, non capitalisable, consommable exclusivement à un temps donné en raison de la température ambiante et encore différente selon la manière dont elle est recueillie et préparée.
L’excès, le trop, le gaspillage ne sont-ils pas nuisibles à notre Terre? Seraient-ce les modes de vie, avec la production qui tourne à la surproduction, la consommation à la surconsommation, le respect au non-respect, qui participent, directement ou indirectement, aux bouleversements climatiques? La manne blanche et céleste apporte à chacun·e ce dont il·elle a besoin quotidiennement, ni plus ni moins.
La première nourriture céleste, une fine couche entourée de règles précises où le caractère éphémère d’un papillon nous révèle la singularité des vies terrestres, la fragilité, la finitude, le périssable. La deuxième manne renferme en elle le germe de la recherche de l’Amour inconditionnel de Dieu, le pain de vie impérissable partagé avec l’autre lors d’un repas, la communion. Une troisième manne, une nourriture céleste dévoilée où les fines couches se sont superposées comme un livre de vie se transformant en une substance de pierre blanche pérenne. La manne, le pain de vie et la pierre blanche, une alliance avec le renouveau perpétuel de toute chose ou encore avec la perspective d’un Au-delà?