En chemin avec les adolescents
«A marché, a beaucoup marché…», l’introduction de «L’Histoire du soldat» (C.-F. Ramuz) conviendrait bien à ce mot d’adieu, au terme de mon ministère de catéchisme. Car j’en ai fait, des marches avec les adolescents: dans le Jura vaudois, à Leysin, le long du lac de Neuchâtel, et même dans les Cévennes. Mais ce n’était pas une manière de passer le temps. C’était une parabole de ce que nous concevions, mes collègues J.-F. Ramelet, Ph. Corset, B. Corbaz et moi, comme l’essence du catéchisme: accompagner les adolescents sur leur chemin de vie pour y découvrir un chemin de foi. Accompagner, parfois guider, encourager, consoler; condamner jamais, respecter et aimer toujours…
Car le catéchisme du XXIe siècle n’est plus celui que j’ai connu, et il ne peut plus l’être! Autrefois, on enseignait aux catéchumènes les fondements de la foi qu’ils pratiquaient déjà en famille. De nos jours, la pratique familiale s’est étiolée au rythme du détachement de l’institution et de l’individualisation des croyances. Comment en vouloir aux parents de ne pas inscrire leurs enfants au catéchisme, alors qu’ils en ont été dégoûtés par une catéchèse rébarbative, voire qu’ils n’ont eux-mêmes pas suivi de catéchisme? Comment leur reprocher de ne pas imposer à leurs enfants la dimension religieuse, s’ils ne sont pas eux-mêmes convaincus du bienfait d’un enracinement spirituel? C’est pourquoi je ne cesse d’affirmer depuis des années que le catéchisme sera évangélisation ou ne sera pas.
Dans notre Région, dès sa création, on a défini comme priorité de s’adresser aux jeunes et d’y consacrer des moyens importants : deux ministres à mi-temps et un budget important. N’en déplaise aux esprits chagrins qui nous reprochaient de «payer des vacances» aux adolescents et de ne pas leur enseigner les arcanes de la Sainte Trinité ou le Décalogue appris par cœur, nous avons vu le résultat de notre méthode, le vécu mis en perspective avec les textes bibliques: tant de jeunes se sont mis en chemin avec nous parce qu’ils ont compris que Dieu était en chemin avec eux. Nombre de filles et garçons ont choisi de continuer ce chemin en accompagnant à leur tour les catéchumènes. Ce sont les «Jacks», et c’est grâce à eux que nous avons pu réaliser tant de camps vibrants de joyeuse spiritualité. Je leur rends ici hommage, car ce sont souvent les Jacks qui m’ont inspiré le chemin pédagogique le plus adapté à transmettre la foi aux ados.
Transmettre, en effet, a toujours été mon leitmotiv. Mon espoir est que la Région Lavaux ne délaisse jamais cette priorité: transmettre l’Evangile aux adolescents. L’EERV cherche actuellement à mieux s’adresser aux familles, et c’est une bonne chose, car c’est là que tout commence. Mais je lance un appel à ne pas, pour autant, délaisser les adolescents et les jeunes. Car qui les accompagnera sur leur chemin de vie, si l’Eglise ne leur montre un chemin de foi?