Un cours pour agir face à la pauvreté
Si la charité repose sur des racines religieuses – juives puis chrétiennes –, croire en Dieu ne conduit pas automatiquement à agir pour son prochain! C’est le constat dressé par la formation «Just People», portée par la campagne Stop Pauvreté, issue d’ONG chrétiennes, évangéliques à l’origine, en Suisse romande et alémanique. Face à la pauvreté et aux injustices, deux réactions – et en réalité deux théologies – peuvent prendre le dessus chez des personnes croyantes, pointe le support de ce cours. D’un côté, la version optimiste, «Dieu pourvoira»: tout ira bien, car le Créateur prend soin de tout. Ce qui conduit «à oublier les appels bibliques pressants à prendre en charge la pauvreté». De l’autre côté, l’extrême inverse, le pessimiste «tout est foutu». Comprendre: «le monde va disparaître de toute façon, l’important est de se concentrer sur l’au-delà, sur le ciel»… et, ce faisant, oublier que «Dieu souhaite le renouvellement et la restauration, pas l’anéantissement», précise l’ouvrage.
Perspective oecuménique
Bien sûr, ces extrêmes sont des idéaux types. En réalité, chaque être humain confronté à des injustices et à des inégalités oscille au quotidien entre ces deux pôles… qui conduisent chacun à ne rien faire. C’est justement pour inciter à l’action que le cours «Just People» a été conçu.
Si la version originale en allemand comporte des références ou ressources d’inspiration évangélique (chants, louanges), le support de cours francophone de 100 pages a, lui, bien été imaginé pour répondre aux besoins des «Eglises et aux chrétiens et chrétiennes en général de Suisse romande, toutes dénominations confondues», explique Joëlle Misson-Tille, chargée de la brochure «Just People» chez Stop Pauvreté. «Une grande partie des projets ou des partenariats de Stop Pauvreté s’ancre dans une dynamique oecuménique, telle qu’EcoEglise par exemple, qui est un projet proposé par Stop Pauvreté, Action de carême, l’EPER, OEco et A Rocha.»
De fait, le texte fait appel aussi bien à la théologie de la libération qu’à l’encyclique Laudato sì. Chaque chapitre peut être lu seul ou travaillé en groupe au moyen d’activités, et approfondi par des lectures spécialisées. Et si les références à l’Ancien ou au Nouveau Testament sont bien présentes au long des sept chapitres, pour comprendre la notion biblique de justice par exemple, elles sont enrichies, actualisées et croisées avec des données issues de la recherche (le concept des limites planétaires), des chiffres, définitions et repères (qu’est-ce que l’esclavage moderne?), pour permettre de comprendre et cerner ce que veut dire être pauvre aujourd’hui – et qui est concerné.
Penser l’impact
L’enjeu pour les ONG porteuses du projet est de dépasser le regard individuel sur ce sujet et de construire une approche systémique. «Lorsqu’on commence à aborder cette question d’amour du prochain dans une perspective globale, et non réduite à notre entourage et environnement direct, on ne peut pas se limiter à la charité ou la bienveillance. Cela implique une remise en question de notre mode de vie, afin de tendre vers plus de justice pour tous, car nos actions ont un impact, positif ou négatif», développe Joëlle Misson-Tille. Un cours politique? L’ONU et ses dix-sept objectifs pour le développement durable restent la seule référence officielle abondamment citée par l’alliance d’ONG à la source du projet.
Cinq soirées pour approfondir
Les 6 et 20 mars, 17 avril, 1er et 15 mai, cinq vidéos réalisées préalablement avec des intervenants d’ONG chrétiennes permettront par Zoom d’aborder des thématiques telles que les injustices mondiales, l’action de Dieu sur terre et la responsabilité des chrétiens envers la création. La brochure « Just People » servira de support de cours à ces cinq soirées, mais pourra également être suivie en tout temps durant l’année.
Infos: stoppauvrete.ch/just-people.