Le trésor du Royaume: les bénévoles de nos Eglises
Ces deux chiffres sont transparents: sans ces dizaines de milliers de bénévoles laïques, sans vous, sans l’or humain que vous représentez, sans les milliers de calories et les centaines d’heures que vous dépensez dans nos lieux d’Eglise, l’EERV serait contrainte à la restructuration. Vous êtes sans conteste l’avenir de nos Eglises.
Mais qu’est-ce qu’au juste qu’un bénévole en Eglise? A quoi ressemble-t-il? Je vous en livre un rapide portrait-robot. Le bénévole en Eglise, c’est déjà une femme, autour de la soixantaine, et qui voilà vingt ans a reçu un appel téléphonique, mieux, un SOS de son pasteur, qui lui demandait si elle ne pouvait pas le dépanner pendant l’hiver pour le Culte de l’enfance, car il lui manquait cruellement UNE monitrice. Cet hiver fut pour notre bénévole le plus long de l’histoire de l’humanité, puisque vingt ans plus tard elle est toujours monitrice du Culte de l’enfance. O miracle de nos paroisses! Au fil du temps néanmoins, notre bénévole a pris du galon et surtout, ce qui est formellement déconseillé en politique, elle cumule les mandats. Aujourd’hui, elle est responsable de la fête paroissiale, répondante Terre Nouvelle, elle arrose les fleurs de la maison de paroisse, elle branche les micros le dimanche matin, elle décore le sapin de Noël et garde toujours une tranche de gâteau au frais au cas où Madame ou Monsieur le Pasteur viendrait chez elle lui demander un petit coup de main. Dans son combiné téléphonique d’ailleurs, le premier numéro préenregistré, c’est celui du ministre. Lors des ventes paroissiales, la bénévole pratique une règle désormais canonique: elle confectionne des pâtisseries qu’elle rachète en fin de journée pour les apporter à son mari.
Voilà en quelques traits le portrait-robot du bénévole à l’aube du troisième millénaire. Un bénévole qui, s’il constitue l’avenir de l’Eglise, est néanmoins une espèce menacée, menacée par l’extinction et l’usure. Il est grand temps de revaloriser le bénévolat comme travail non marchand dans une société qui est régie par la loi du donnant-donnant, qui adore le dieu Mammon, et dont l’espérance est nourrie par le profit à tout prix… Je prendrai aujourd’hui le bénévolat comme modèle du célèbre slogan des réformateurs: «sola gratia»; «par la grâce seule». Dans une société qui a fait sienne la devise de Benjamin Franklin «time is money», il est grand temps de prêcher à nouveau la gratuité du don de soi. Le bénévole de nos paroisses en est le porte-étendard. Car l’engagement bénévole illustre la grâce que nous avons préalablement expérimentée. Ayant reçu gratuitement, nous donnons gratuitement à notre tour (Matthieu 10,8), voilà la loi du Royaume à venir. Une loi non marchande.
Chers ministres, chers collègues, vingt ans plus tard, prenons soin de ces bénévoles toujours présents et à venir: ils ont besoin d’être revalorisés dans leurs charismes et compétences et spirituellement renouvelés.