Une solidarité vitale, locale et vivante
Nos paroisses font face à toute sorte de défis dans leur mission première qui est de partager l’Evangile. Malgré nos efforts, il nous est de plus en plus difficile d’atteindre la population et en particulier les jeunes générations. Il nous faut innover, proposer des programmes attractifs pour toutes les tranches d’âge. Nous devons aussi mieux communiquer et accompagner spirituellement nos concitoyens sur le thème de l’écologie – ce que nous appelons la transition intérieure. Dans ce vaste programme, quelle est la place pour la solidarité? La solidarité est largement devenue l’affaire de spécialistes. Aujourd’hui, dans la plupart de nos villes, ce sont des aumôniers spécialisés cantonaux qui visitent et animent spirituellement les EMS ou les hôpitaux. Il en est de même pour les réfugiés, les prisonniers, l’aide sociale ou l’aide internationale. Le monde protestant a également créé ses propres structures comme DM, EPER ou le CSP. Des organisations qui font un travail extraordinaire. Au-delà de leur rôle de simple donateur, les paroisses ont-elles encore leur place dans le monde de la solidarité?
Lyne Gasser nous rappelle que la solidarité est une ressource vitale pour nos paroisses. Une ressource? Le terme peut étonner quand on parle d’une activité qui est une dépense pour les paroisses. «Terre Nouvelle», qui est le nom que donnent nos églises à la solidarité, nous permet d’avoir un regard extérieur. Face à la pression, une organisation comme nos paroisses ont naturellement tendance à se recroqueviller sur l’essentiel. Terre Nouvelle nous permet de regarder au-delà, de nous décoller de nos bancs.
C’est aussi par retour un œil neuf sur nous-mêmes. La solidarité du Sud doit être source d’inspiration avec les liens qui unissent des hommes et des femmes attachés à leur terre. De petits exploitants qui ont la même relation à la terre que nos arrière-grands-parents. À travers eux, nous retrouvons une expression de nos propres racines. Fort de ce constat et afin de nourrir les liens humains et sociaux sous nos latitudes, la paroisse de Ballaigues-Lignerolle organise un buffet du monde au profit de l’ONG DM. Ce projet met en relation des habitants de nos villages et ceux d’origines étrangères. Ce repas donne l’occasion aux gens qui se croisent sans forcément se connaître de découvrir leur pays à travers un plat. Un délicieux buffet du monde qui nous fera voyager de la Syrie à l’Erythrée de l’Ukraine à l’Italie, du Sri Lanka à l’Alsace… Un moment de joie avec des activités pour les enfants, des rencontres qui mettent un visage sur l’actualité, une église qui accueille croyant ou moins croyant dans une solidarité commune. N’est-ce pas là une expression de la vitalité des paroisses à travers la solidarité?
La nourriture, un langage universel
Nos villes et villages sont habités par des personnes venant d’horizons très variés. L’organisation d’un repas canadien ou d’un buffet du monde par une paroisse est à la fois un moment de rencontre, de partage et de découverte. En effet, il ne s’agit pas de partager un simple repas, mais bel et bien de goûter des mets culinaires provenant du monde entier. Avec la nourriture, il n’y a pas le problème de la barrière des langues. L’idée est de pouvoir déguster ce qui a été concocté. Derrière les tables dressées, un drapeau indique l’origine du plat. La cuisine de son pays, c’est un motif de fierté. Les gens aiment faire découvrir un plat traditionnel. Salé, sucré, pimenté. Il y en a pour tous les goûts. L’organisation d’un tel événement permet de rapprocher les habitants d’un même lieu. On découvre la culture d’une voisine ou d’un commerçant de manière positive. Et pour les papilles gustatives, c’est un véritable régal. On passe d’une raclette, à un «kebbeh» syrien, puis à un dessert ukrainien.