« Les réseaux d’entraide sont une des forces de l’Eglise»
C’est l’histoire d’une toute petite association citoyenne, «Peseux en mieux», du nom de cette localité neuchâteloise qui, au cœur de la pandémie, a trouvé sa place au sein d’un maillage plus vaste d’associations d’entraide pour participer à l’effort commun d’alors: faire les courses, dépanner des personnes à risque. «Cette expérience a montré que, même avec des moyens très modestes, on pouvait s’insérer dans quelque chose de bien plus vaste», raconte, enthousiaste, sa présidente, Jacqueline Lavoyer. Cette laïque, sociologue de formation, très impliquée dans la diaconie et engagée dans l’Eglise protestante neuchâteloise (EREN), voit dans cette expérience une chance de renouveau pour l’institution. «Les réseaux d’entraide de proximité sont l’une des forces et des richesses de l’Eglise, l’une des rares institutions où les gens se sentent reliés par des valeurs communes, autres que le lien de sang ou de voisinage. Le rôle de l’Eglise est d’être solidaire. Nos Eglises doivent devenir des lieux où l’on prend soin. Cela répond aux attentes de nos contemporains. Se contenter du culte et des activités traditionnelles risque de dissoudre l’Eglise.» Et de citer une étude de Diaconie Suisse sur le vécu des paroisses au cours de la pandémie, qui montre que là «où la conscience diaconale était déjà forte et où il y avait déjà des habitudes de solidarité de proximité, les gens ont rebondi.»
S’insérer dans un maillage existant
Jacqueline Lavoyer présente donc le concept de «communauté bienveillante» à sa paroisse de La Côte. Avec quelques garde-fous: «Il ne s’agit pas de se substituer aux autres acteurs, plutôt de s’insérer dans un maillage existant et de le compléter. Pour offrir des informations et des choses toutes simples à faire. Par exemple: si vous voyez que votre voisine âgée n’ouvre bizarrement pas ses volets un matin, vers qui vous tourner pour vous assurer que tout va bien pour elle? Les ressources, comme l’attention aux autres, sont déjà là. Il suffit de les stimuler, y apporter quelques réponses structurées.»
Témoignage en actes
Du côté de la paroisse, le terrain est mûr. «Ici, il y a une véritable histoire de l’action sociale. Par le passé, la paroisse a mis en place plusieurs projets repris ensuite par la société civile: transport, jeunesse… Nous avons connu des personnes très engagées, qui ont réalisé un véritable travail diaconal», souligne Yvena Garraud Thomas, pasteure de La Côte. Pour l’heure, la paroisse en est aux prémices de sa réflexion; la forme exacte de ces futures communautés de soutien doit encore être discutée. Yvena Garraud Thomas imagine, après discussion, d’établir une charte, «non pas pour alourdir le fonctionnement. Au contraire, pour donner des réponses et alléger les décisions à prendre». Pour elle, le concept, même s’il s’adresse à tous et à toutes sans aucune discrimination ni prosélytisme, est aussi clairement une forme de témoignage chrétien. «L’Eglise, depuis ses origines, a toujours été basée sur la diaconie. L’EREN, dans sa Constitution, souligne la dimension du service et du témoignage de l’amour de Dieu en Jésus-Christ, en paroles et en actes. Les deux vont de pair.»
Qu’est-ce qu’une communauté de soutien?
Les réseaux informels d’entraide et de solidarité locaux ont toujours existé: liens de voisinage, de famille, de paroisse. Face à leur délitement en raison de nos modes de vie, ces communautés ont été théorisées puis «ressucitées» depuis les années 1980 par plusieurs organisations d’action sociale, d’abord aux Etats-Unis, puis en Europe du Nord. Baptisées caring communities, communautés bienveillantes, elles réunissent des personnes qui s’entraident dans la vie quotidienne.
Infos: www.caringcommunities.ch/fr