Les réseaux sociaux, espaces d’apprentissage
En plus d’être un outil de diffusion de films, le streaming (diffusion en continu) permet la discussion par visioconférence. Et comme sur les forums, ancêtres de ces plateformes, les discussions en streaming peuvent se mener de manière anonyme. Identité masquée ou «pseudonymat» en ligne? Le débat date.
Pour Olivier Keshavjee, pasteur vaudois familier des discussions virtuelles, puisqu’il en anime sur les plateformes dans un ministère qui y est consacré, il n’y a pas photo: «L’anonymat, une manière de prendre ses distances avec la réalité? Au contraire, les échanges peuvent être plus authentiques!» Via la plateforme Twitch ou sur le forum Discord, il arrive à atteindre des jeunes «plus introvertis» ou simplement «moins à l’aise sur d’autres formes de rapports sociaux». Questions de foi ou d’actualité: lorsque ces jeunes ne dévoilent pas leur identité, ils osent aborder des sujets «plus intimes».
Pluralité des croyances
Tout en reconnaissant que les forums ou espaces de streaming «restent des sites qui peuvent être discutés de nombreuses manières», le jeune pasteur estime que «si les gens y sont, l’Eglise doit y être aussi».
En animant des rencontres régulières en ligne, Olivier Keshavjee tente de construire une communauté. Il est conscient que c’est aussi un apprentissage de la vie en société. «Je vise à créer un espace de pluralité de croyances et d’opinions, tout en laissant une place pour l’authenticité des passions. Mon but, c’est de construire une bienveillance pour qu’il n’y ait pas de clivages si un sujet chaud survient.» Ce qui demande des règles claires: «Dans le monde du streaming, je vois qu’il est courant de poser des limites (par exemple, ‹pas de commentaire sur le physique›), d’exclure temporairement ceux qui ne les respectent pas. Ces décisions de modération peuvent être évoquées avec toute la communauté.»
La confrontation à l’autre via ce média conversationnel permet, indirectement, d’apprendre à échanger.
Echanger sur son identité
Apprendre ensemble, c’est aussi ce qui a motivé Eloïse Deuker. Pasteure dans la paroisse réformée vaudoise du Pied du Jura, cette jeune trentenaire s’est dit qu’il y avait un besoin: «vulgariser sur Instagram quelques notions de théologie, d’histoire, d’identité. Il y a beaucoup de prêches en ligne, mais peu de contenus vulgarisent la base de la théologie protestante».
En 2021, elle s’est donc lancée dans de courtes, et précises, explications sous forme de «slides» sur Instagram, le tout sur son temps libre, précise-t-elle. 500 abonné·es la suivent et les commentaires sont nourris. Plus d’une trentaine pour sa dernière publication, sur la croix huguenote. «Je ne souhaite pas vraiment avoir une communauté en ligne, mais j’encourage les gens à témoigner sur leur manière de croire, de pratiquer, leurs convictions… Je sais qu’il y a beaucoup de protestants culturels qui ont envie d’un lieu où ‹débriefer leur foi de base ou leur pratique›, interroger les espaces entre la théorie et le vécu, dialoguer autour de ces questions d’identité, et de quelles valeurs ils portent», observe la jeune femme. Qui veille à ne pas tomber dans «l’entre-soi» ni le «développement personnel». Mais reconnaît qu’il manque un lieu d’Eglise «pour les 16-35 ans, sans enfants».
Se connecter
Pour rejoindre Olivier Keshavjee sur Twitch:
https://www.twitch.tv/opensourcechurch
Pour suivre Eloïse Deuker sur Instagram:
https://www.instagram.com/eloise_pasteure/