Les monuments funéraires investissent le château de La Sarraz (VD)

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Les monuments funéraires investissent le château de La Sarraz (VD)

Francine Zambano,
15 mars 2012
Une cinquantaine d'étudiants en lettres de l'Unil ont
planché sur l’inventaire des monuments funéraires vaudois du Moyen Age à 1830 environ. L'un d'eux, Nicolas Alexandre Rutz, monte au château de La Sarraz (VD) une expo étonnante sur la représentation de la mort. A découvrir dès le 30 mars.

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« Le patrimoine est un domaine qui me passionne. » Aucun doute là-dessus. Nicolas Alexandre Rutz est animé par un enthousiasme communicatif lorsqu’il évoque son intérêt pour les dalles funéraires. « J’aime le côté intrigant de ces objets », dit-il.

Avec une cinquantaine d’étudiants, chapeautés par Dave Lüthi, professeur assistant en architecture et patrimoine, il a dressé l’inventaire des monuments funéraires vaudois, du Moyen Age à 1830 environ. Cent cinquante objets, pour la plupart inconnus, ont été répertoriés et font l’objet d’un ouvrage critique qui sera publié en principe le… 1er novembre. « C’est un clin d’œil », lance cet étudiant en français et en histoire de l’art.

Le 1er novembre, c’est aussi la date du décrochage de Destins de pierres et de chiffons, exposition inédite sur la représentation de la mort qui démarre le 30 mars au château de La Sarraz (VD). « Cette expo a un double objectif, affirme Nicolas Alexandre Rutz, qui coiffe cette fois la casquette de commissaire d’exposition. Montrer notre travail de recherche mais aussi insister sur l’intérêt artistique des monuments. »

Le lien entre l’étudiant et le château ? Il y a travaillé en tant que guide l’été passé. « On s’identifie rapidement avec un château, dit-il. Je me suis dit en riant que c’était une bonne idée d’exposer ces photos de monuments funéraires. » De plus, le fameux cénotaphe de François 1er, connu sur le plan européen comme un des monuments clés de l’histoire de la mort, est une des attractions du château.

Indiana Jones

L’expo se veut donc un reflet des travaux du professeur Lüthi. Elle bénéficie des clichés de Laurent Dubois, photographe à la Bibliothèque cantonale universitaire de Lausanne. Elle débute dans le vestibule du château avec une carte du canton de trois mètres sur trois qui permet de repérer l’ensemble des dalles du canton. « Je souhaite que les gens se mettent dans la peau d’un chercheur historien de l’art façon Indiana Jones », lance Nicolas Alexandre Rutz.

Une chapelle funéraire a également été montée. Dans l’escalier se trouve le noyau de l’exposition avec un accrochage de photos en grand format. « Je vais diffuser des épitaphes sous forme audio, certaines sont exceptionnelles. J’aimerais les faire lire par des voix typées et théâtrales. » Ensuite dans la galerie sont abordées des questions telles que celle de l’image de la mort. Le visiteur se retrouve en face d’alignements de monuments dressés en plusieurs stations.

L’hôte pourra également visiter un espace où est abordée la représentation de la mort de l’enfant. « Le but est de montrer que la démonstration du sentiment fait partie d’un contexte culturel », dit Nicolas Alexandre Rutz. Puis une salle est dédiée au costume funéraire : des chapes seront tendues au plafond un peu comme dans la caverne d’Ali Baba, l’idée étant de reconstituer l’atmosphère d’un enterrement en jouant sur la beauté des textiles et des broderies.

La galerie de Mandrot, rebaptisée « le couloir », s’intéresse à la mort au XXIe siècle, soit aux entreprises de reconstruction, à la crémation, qui n’était pas envisageable avant le XIXe. « C’est un couloir assez prenant qui illustre les préoccupations funéraires contemporaines. » Prenante ? Elle le sera certainement, cette exposition qui s’annonce à la fois kitsch, artistique, instructive et… ludique.

A lire et à voir... bientôt

Destins de pierre, tome 2, Le patrimoine funéraire vaudois et romand (XIIIe –XVIIIe siècles), Cahiers d’archéologie romande, sortie prévue le 1er novembre

Le site du château de La Sarraz (dès le 20 mars)