Un jeune artiste cubain au Pasquart de Bienne

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Un jeune artiste cubain au Pasquart de Bienne

Céline Latscha
27 mars 2012
Jeune artiste cubain de 22 ans, Richard Torres Martínez expose pour la deuxième fois en Suisse. Il jette un regard à la fois lucide et enjoué sur son univers, tout en s’interrogeant sur des valeurs telles que la solidarité, l’individualisme et l’espérance. Ses gravures racontent son parcours personnel, mais également l’histoire de son pays. Rencontre.




ProtestInfo: Richard Torres Martínez, comment se fait-il que vous exposiez à Bienne?

Richard Torres Martínez: En fait, tout est né d’une rencontre avec Alexandra Flury-Schölch, pasteure à Soleure. Volontaire pendant quatre mois dans mon pays, elle s’est fortement impliquée dans la vie quotidienne de notre communauté. Lors d’un repas avec le groupe de jeunes de mon village, j’ai eu la chance de pouvoir entrer en contact avec elle.

Je lui ai expliqué ma démarche en tant qu’artiste et elle a eu l’occasion de découvrir mes œuvres qui étaient justement exposées au musée du village. Elle a été particulièrement sensible à mes tableaux, noir et blanc, qui racontent le quotidien à Cuba, ses paysages, sa population.

Pourquoi avoir opté pour le noir-blanc? Quand on pense à Cuba, on pense couleurs, non?

En fait, j’ai commencé par exposer dans la cour d’un «solar», le nom que l’on donne aux immeubles à La Havanne datant de l’époque coloniale et qui avaient été construits pour loger les esclaves. Les «solar» ont connu une nouvelle affectation après la révolution et sont devenus des lieux de vie. Dans ces blocs se logent désormais des familles venues d’horizon les plus divers. J’ai choisi le noir-blanc car j’ai imprimé mes gravures sur bois sur des tissus que l’on a tendu dans ces cours.


L’art semble occuper une place importante dans votre vie. Pourtant… Vous n’avez que 22 ans?

J’ai toujours été attiré par l’art. Pour moi, c’est, au même titre que la parole, un moyen d’entrer en contact. D’abord par le sujet choisi, par la représentation que j’en donne, et ensuite par ce que celui qui vient voir l’exposition ressent. J’ai suivi des cours dans une académie d’art de mon pays, pour connaître les différentes techniques et les maîtriser. Mais ce qui m’intéresse avant tout, c’est de m’exprimer, de donner corps, sur le bois et la toile, à des scènes de vie quotidienne, comme par exemple le tableau que j’ai intitulé «La leçon d’aujourd’hui» et qui représente deux enfants au premier plan comme sortant d’une grotte où luit la flamme de la connaissance.

Votre première exposition en Suisse?

Comme l’art n’emprunte que la voie de l’universel, je n’ai jamais eu de mal à me faire comprendre avec mes gravures et mes huiles. Ma première visite en Suisse m’a donné l’occasion de découvrir que l’on pouvait exposer dans des lieux comme les églises, et certaines gravures ont été directement inspirées par ce premier voyage.

L’inspiration vous vient donc de la rencontre avec l’autre?

Tout peut être source d’inspiration. «Le cri et moi» est ma propre réinterprétation du cri d’Edvard Munch. Mon tableau intitulé «Autoportrait avec ange» porte trace de Klimt, un artiste pour lequel j’ai beaucoup d’admiration. En fait, chaque fois que je suis touché par un sujet, par un événement, je ressens le besoin de le poser sur un support pour en faire une œuvre d’art.

Le fait d’exposer dans une église est-il pour vous un acte de foi?

J‘ai été élevé dans un milieu protestant réformé. Pour moi, la Bible est et demeure un ouvrage de référence, dont les textes sont inspirants. Par contre, je n’irais pas jusqu’à affirmer que mes œuvres sont d’inspiration religieuse directe.

Je m’intéresse de près aux questions d’éthique, et c’est pour cela que certaines de mes gravures interpellent non seulement par ce qu’elles représentent, mais également par leur titre. On passe du «Rebelle» à «L’Embouteillage» et chaque tableau incite à la réflexion, peut-être même au recueillement.

Que rapporterez-vous de ce deuxième voyage en Suisse?

Beaucoup d’images et d’impressions. J’adore faire de nouvelles expériences. Ici en Suisse, je suis particulièrement touché par ce que les gens disent de mon travail et de leurs questions notre mode de vie à Cuba, et notre façon d’exprimer ce que nous ressentons. Mon art est un reflet de l’art de vivre cubain.

Exposition Vida en Cuba

  • Exposition fixe à l’église du Pasquart de Bienne à visiter jusqu’au 1er avril 2012 tous les mercredis, samedis et dimanches de 14h à 17h. Entrée libre.
  • Outre cette exposition fixe, une exposition itinérante intitulée «Femmes de la Bible» fait halte dans différents lieux:
- dimanche 18 mars : église ref. de Soleure, 11h-17h
- jeudi et vendredi 22 et 23 mars : église cath. de Selzach, 9-11h et 14-17h
- dimanche 25 mars : église du Pasquart