Jean de Léry est envoyé au Brésil avec douze autres « Genevois », apprend-on en lisant les documents de François Reymondin. L’expédition financée par le roi de France consiste à rejoindre la « France Antartique » de Nicolas Villegagnon, établissement fortifié français dans l’actuelle baie de Rio de Janeiro.

Les objectifs de l’opération sont multiples, mais se soldent tous par l’échec. Il s’agit en premier lieu de ramener des merveilles d’outre-mer: denrées, bois exotiques, animaux. Or, au retour, le bateau prend l’eau et se perd dans l’Atlantique. La cargaison est passée par-dessus bord. La famine est telle qu’on mange jusqu’au dernier perroquet.

En deuxième lieu, on pense consolider la présence française en Amérique du Sud. Là aussi c’est l’échec. Deux ans plus tard, les Portugais s’emparent de l’île et de ses fortifications. Quant au troisième but, instaurer dans le nouveau monde une communauté refuge pour les protestants, là aussi la déconvenue est cruelle. Pour échapper à la cruauté de Villegagnon, les protestants trouvent asile chez les Toüoupinambaoults, une tribu sauvage brésilienne.

Le père de l'ethnologie, selon Claude Lévi-Strauss

Jean de Léry se met à observer leur mode de vie, partagé entre l’admiration pour leur accueil, leur gentillesse, leur sagesse et l’effroi que suscite leur cannibalisme. Le regard qu’il porte sur eux est aussi une manière de remettre en question certaines certitudes chrétiennes. Ainsi par exemple, les Toüoupinambaoults vivent nus sans en éprouver une quelconque gêne et sans que cela les pousse à la « paillardise ».

Or il est dit dans la Bible qu’au jardin d’Eden, après la chute, l’homme et la femme eurent honte de leur nudité et que Dieu leur procura des vêtements. Cette attitude de Jean de Léry, constituée à la fois de curiosité et de remise en question, fait de lui un des premiers ethnologues.

En 1578, Jean de Léry publie un livre de ses aventures et observations, agrémenté de dessins gravés, sous le titre: « Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil ». Cet ouvrage fera référence durant plusieurs siècles. L’anthropologue Claude Lévi-Strauss tenait Jean de Léry pour le père de l’ethnologie. (comm.)

Un pasteur "couteau suisse"

A l'Isle, le pasteur François Reymondin continue de proposer des rendez-vous prometteurs alors qu'il est à la retraite. Ex-aumônier de jeunesse et brocanteur – il possède un magasin de brocante dans le village –, titulaire d'un brevet d'enseignement du violon, François Reymondin a créé le groupe Les Chantres en 1995.

A l'origine, ce quintet à cordes et ce quatuor vocal, formés de jeunes gens de 15 à 25 ans, participaient aux cultes à travers le canton de Vaud. « Nous proposions aussi des morceaux de musique en remplacement au cas où les cultes radiodiffusés auraient connu des couacs en direct », explique François Reymondin.

Mais depuis plusieurs années, ce groupe a bifurqué vers le théâtre. Pour le prochain spectacle, Les Chantres proposent un ou deux morceaux du 16e siècle. Pour le reste, ce sera du Boris Vian ou du rap. « Cela marque la différence entre les deux époques », conclut le pasteur. T. B.

Renseignements et réservations

• Château de L’Isle les 21,22, 23 et 28, 29, 30 septembre 2012. A 20h15 vendredi et samedi et 17h00 dimanche.

• Prière de réserver auprès de François Reymondin: 021 864 40 52, fmcl.reymondin@bluewin.ch

• Prix: 20.- adulte, 10.- enfant