«Ce n’est pas la première fois que j’accepte un tel mandat», confie le photographe bernois Stefan Maurer, «car je m’intéresse de près à tout ce qui touche à l’«invisible», au divin en quelque sorte.»

A l'origine de cette exposition qui va à la rencontre des musulmans qui vivent dans le canton de Berne? Le service migration de l'Eglise réformée Berne-Jura-Soleure, en collaboration avec la Maison des Religions de Berne et l'Eglise catholique.

«La plupart des personnes contactées étaient ouvertes et prêtes à collaborer. Il y a toujours une ou deux exceptions qui hésitent à se présenter publiquement et à accepter de porter l’«étiquette» de musulman, mais franchement, ce n’était pas le plus grand défi ici», relève encore Stefan Maurer.

«En fait, ce qui a été le plus difficile, c’est de trouver un langage commun, que ce soit au niveau de la langue à proprement parler, ou de la définition donnée aux termes choisis.» Celui de musulman par exemple, car, au-delà de la religion, c’est pour la plupart un art de vivre, une façon de concevoir leur existence, qui transparaît non seulement à travers leur métier, leurs loisirs, leur vie de famille, mais se traduit également par leur tenue vestimentaire, les aliments qu’ils consomment et ceux qu’ils achètent.

Au fil de ces portraits, on comprend l’envie de chacun des 22 participants à l’aventure de témoigner de son quotidien d’ «émigré», de sa vie d’ici, de ses souvenirs d’ailleurs, d’avant, et de l’étonnant mélange qui en résulte. A Bienne, Birinç, venue de Turquie, s’adonne à la coiffure, une autre manière de communiquer avec l’autre, les autres. Amna, même si elle est installée à Nidau, continue à rêver de plus larges horizons, et portant le foulard avec fierté, n’hésitant pas à déclarer : «si j’étais conseillère fédérale, je ferais installer une plage en Suisse.»

L’objectif de l'exposition est de souligner la diversité de l’islam tel qu’il est vécu en Suisse, tout en remettant en question les clichés et les idées reçues sur les musulmanes et les musulmans. Comme le relève Kadhija Froidevaux, responsable de la communication de la paroisse réformée de Bienne: «chez les musulmans aussi, la religion ne représente qu’un aspect parmi d’autres de leur vie et qu’il est faux de les réduire à cette seule dimension.»

Interactive, cette exposition est avant tout une invitation au dialogue. Le public peut ainsi participer à différents ateliers, à des projections, ainsi qu’à une «bibliothèque vivante» en «empruntant» une personne musulmane pour un entretien entre quatre yeux! Une façon personnalisée, par un témoignage de première main, de partir à la découverte de ce qui interpelle, fascine ou intrigue dans l’islam, ses pratiques ou la vie quotidienne musulmane.

LIENS:

- Site de l'Eglise Pasquart

- Site du photographe Stephan Maurer