L’Espace culturel des terreaux fête ses 10 ans

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L’Espace culturel des terreaux fête ses 10 ans

Joël Burri
29 avril 2014
Les Mummenschanz ouvraient la première saison de l’église lausannoise devenue théâtre, le 5 septembre 2004. Ils ont été à nouveau programmés en fin de 10e saison, pour fêter, à quelques mois près, les 10 ans du projet. Ils pourront être vus jeudi et vendredi à la salle Métropole.

«Est-ce que parce que je gère une salle liée à l’Eglise je dois systématiquement faire chaque année un spectacle lié à la problématique nord-sud, un sur le suicide, etc. L’idée en ouvrant à des spectacles grands publics, comme les 100 violons tziganes ou les Mummenschanz c’est de toucher un public différent. Même quand la représentation à lieu à la salle Métropole on touche un public qui ne fait pas partie de nos habitués», explique le pasteur Jean Chollet, directeur de l’Espace culturel des Terreaux.

«Pendant longtemps, j’essayais de trouver des valeurs éthiques ou spirituelles à ces spectacles pour justifier leur présence dans la programmation des Terreaux. Aujourd’hui, je crois qu’il est simplement admis que sur les neufs spectacles d’une saison il y a en a deux qui ne sont pas “identitaires”.»

La troupe de théâtre visuel «Mummenschanz», qui donne vie à divers objets dans des créations très poétiques fait partie de ces spectacles «non identitaires», fidèles de l’espace culturel des Terreaux. Jeudi 1er mai et vendredi 2 mai, ils pourront être vus, pour la dernière fois en Suisse romande avec leur spectacle actuel.

Présence de l'Evangile

«Chaque fois que je présente les Terreaux, je dis que c’est une manière de répondre à la question que peut se poser notre Eglise de comment utiliser vingt églises en ville. Ce théâtre, c’est un lieu public et c’est un lieu dans lequel l’Evangile a encore une présence», explique Jean Chollet.

Ainsi le directeur défend une programmation humaniste et différente de ce que peuvent proposer les autres scènes lausannoises. Plus ou moins chaque année, une pièce parle de thématiques interreligieuses, par exemple. «C’est aussi dans cette logique de programmation correspondant à un certain esprit que nous renonçons, en principe, à programmer du théâtre pour enfants ou des classiques», souligne Jean Chollet.

L’Espace culturel des Terreaux se veut aussi lieu de débat. En plus des diverses conférences qui peuvent y être organisées, le directeur tient à ce que la première représentation de chaque spectacle, le jeudi, soit suivie soit d’un débat sur le même thème ou, si l’œuvre jouée ne s’y prête pas, d’une discussion avec les comédiens. «Cela permet au public de se rendre compte à quel point les acteurs sont impliqués dans leur rôle. Ils ne font pas que le jouer.»

Il y a dix ans, l’Espace culturel des Terreaux devait être œcuménique, mais peu avant la première saison, les partenaires catholiques se sont retirés. «Je me réjouis de voir que ce projet redevient un peu œcuménique aujourd’hui. Les catholiques nous octroient une subvention et disposent d’une voie consultative au comité. C’est un début, j’espère.»

Un travail d'équipe

Lorsque l’on demande à Jean Chollet de partager quelques souvenirs de ces dix ans d’activité, il cite tous ceux qui ont œuvré pour cette scène. «Un théâtre, c’est toujours un travail d’équipe. Rien ne peut se faire sans l’équipe technique et administrative. En particulier, l’ancien conseiller synodal Antoine Reymond avait beaucoup défendu ce projet.»

Ensuite, le directeur égraine des spectacles qui l’ont marqué. Un «Noël à Brooklyn» créé en collaboration avec les aumôneries de jeunesse de la région, un Roland Giraud qui insiste auprès de son producteur pour rendre possible une représentation de «Bonté divine» que l’Espace culturel des Terreaux n’aurait financièrement jamais pu s’offrir. Les 600 personnes venues voir l’Oberwalliser kammerchor à l’Eglise de Saint-François. Ou enfin, les applaudissements du public après que, lors du débat qui a suivi «L’affrontement» de Bill C. Davis, l’un des comédiens avoue timidement qu’il va prochainement enregistrer son partenariat avec son ami. «Ce soir-là, j’ai été fier de mon public! C’est bête à dire, car on ne possède pas son public, mais j’en étais fier», note Jean Chollet.

Enfin, Jean Chollet garde un regret de ces dix première années. «J’étais à bout touchant pour programmer Cesaria Evora. Mais son producteur a fini par constater qu’une salle genevoise avait négocié une exclusivité à 100km. L’année suivante, elle n’a pas pu venir parce qu’elle était malade et ensuite elle est décédée. J’aurais vraiment aimé la produire aux Terreaux.»