Le MAMCO s’invite au Musée de la Réforme

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Le MAMCO s’invite au Musée de la Réforme

Joël Burri
29 avril 2015
Pour fêter ses vingt ans, le Musée d’art moderne et contemporain de Genève propose des collaborations avec les différents musées de son voisinage. Le Musée international de la réforme, qui fête lui ses 10 ans, accueille ainsi une exposition temporaire consacrée à la photographie et à l’architecture religieuse.

Photo: Christian Bernard, directeur du MAMCO et Isabelle Graesslé, directrice du MIR, devant des œuvres de David Spero, DR

«Il ne s’agit pas d’une exposition thématique consacrée à la photographie de l’architecture religieuse, puisque nous ne présentons les œuvres que de quatre photographes, ni d’une monographie consacrée à un seul artiste», a expliqué Christian Bernard, directeur du Musée d’art moderne et contemporain de Genève (MAMCO). «Il s’agit plutôt de quatre petites monographies.» De fait, les œuvres de l’Anglais David Spero, de l’Allemand Christof Klute et des Suisses Angèle Laissue et Cyril Porchet entrent en écho les unes avec les autres dans leurs quatre démarches différentes de photographier des expressions de la foi. A voir au Musée international de la Réforme (MIR) jusqu’au 25 octobre 2015.

David Lemaire, commissaire de l’exposition, explique que sa première intuition était de laisser se confronter les clichés de Christof Klute et de Cyril Porchet. Le premier (à droite) travaille sur l’architecture de lieux de cultes modernes, notamment les églises conçues par Le Corbusier. Ses photographies représentent des murs austères sur lesquels les jeux d’ombres laissent imaginer une présence. Le second (à gauche) travaille sur les chœurs d’églises baroques. Ses photographies foisonnent d’éléments et de dorures. De longs temps de pose, des ouvertures réduites, et des procédés optiques pour compenser les déformations donnent des images lumineuses dans lesquelles toute perspective est gommée. Cela accentue encore le côté riche et surchargé des lieux. «Pour moi, la photo doit permettre de voir des choses que l’on ne voit pas à l’œil nu», explique le photographe.

A ce duo de base, sont venus se greffer les travaux de David Spero. Dans un style plus documentaire, il s’est intéressé aux lieux de culte de la banlieue londonienne. Eglises voisines de boîtes de nuit ou de stand de restauration à l’emporter, ces images montrent des communautés religieuses qui parviennent à se faire une place dans une ville foisonnante. En observant ses images, le visiteur trouve une foison de détails qui donnent à sourire ou à réfléchir. «Sur un des clichés, on voit une Eglise évangélique installée à l’étage, en dessus d’un bookmaker. C’est une belle réinterprétation du Paris de Pascal. Et souvent comme un écho à la multiplication des pains et de poissons, on voit des “fish and ships” à côté de ces églises.»

Dernière artiste présente dans cette exposition temporaire, Angèle Laissue. C’est la seule à qui a été commandé un travail spécialement pour cette occasion. A la suite d’une visite du MIR, elle a mené une enquête sur l’Eglise du désert, nom donné aux communautés protestantes françaises qui se retrouvaient en secret après la révocation de l’Edit de Nantes. Un tirage grand format représente une grotte dans laquelle des soldats du roi avaient surpris un groupe de protestants. En face, différents éléments photographiés au Musée du Désert, dans le Gard, permettent de comprendre le caractère dramatique de la grande image énigmatique. «En photographiant des documents, Angèle Laissue, interroge également sur les frontières entre art et document», souligne Christian Bernard. Sur les côtés de l’installation, deux photos de Christof Klute interpellent par leur ressemblance à cette grotte. Il s’agit pourtant de détail d’une église de Le Corbusier.

Infos pratiques

Le Ciel devant soi, photographie et architecture religieuse. Du 29 avril au 25 octobre 2015 au Musée international de la Réforme, rue du Cloître 4, Genève. Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 17h. Entrée 13fr.