Dis-moi pourquoi, maman?
Ils s’arrêtent chez le primeur, histoire d’acheter quelques légumes. Le vendeur choisit de beaux légumes. Antoine l’observe, puis remarque qu’il porte autour du cou un pendentif: une étoile à six branches. Antoine regarde ce pendentif avec attention. Il n’en avait jamais vu de pareil et le trouve particulièrement beau.
Sur le chemin du retour, il demande à sa mère: «Dis, maman, as-tu vu le pendentif du vendeur de légumes? Je le trouve vraiment beau.
– Ah bon! répond-elle, je n’ai rien vu.
– Mais si, c’est une étoile à six branches, en argent. Qu’est-ce que c’est?
– Eh bien, c’est un bijou décoratif, lui répond-elle un peu distraite.
– Dis, maman, je pourrais en porter un, moi aussi, comme ce monsieur?
– Non, ce n’est pas possible. Ce pendentif, tu ne peux le porter que si tu es juif, finit-elle par dire, embarrassée.
– Un juif? Qu’est-ce que c’est?»
La mère d’Antoine ne sait pas quoi répondre et change rapidement de sujet.
Quelques jours plus tard, Marianne, la grand-mère d’Antoine, la maman de son père, est de passage à la maison. Elle porte un collier de perles de pierre mauve. Antoine le remarque.
«Dis, Mamy, tu portes un beau collier aujourd’hui, ça te change!
– Oui, il m’arrive de ressortir de vieux bijoux de temps en temps. Celui-ci ne vaut pas grand-chose, mais comme c’est un cadeau de ton grand-père, il a une grande valeur pour moi, dit-elle, un peu émue. Mais toi, Antoine, tu as bien une montre ou une médaille de baptême… Tu peux les porter de temps en temps, c’est la même chose.»
Antoine est un peu perplexe. Il n’a jamais entendu parler de sa médaille de baptême et ne sait pas très bien où elle peut être. Sa mère, entendant la conversation depuis la pièce d’à côté, lui apporte alors une petite boîte blanche. Elle l’ouvre devant lui: une chaîne d’or très fine, retenant une toute petite médaille dorée sur laquelle est gravée une tête de petit ange avec, au verso, son prénom et une date.
«Dis, maman, c’est à moi? Tu es sûre qu’elle est à ma taille?
– Oui, c’est la tienne, lui répond sa mère. Mais, vois-tu, quand on te l’a offerte, tu étais encore un bébé. Mais c’est bien ta médaille de baptême!
– Mais, c’est quoi le baptême, pour que l’on gagne une médaille? demande alors Antoine, de plus en plus curieux.
Marianne sent que la mère d’Antoine est plutôt mal à l’aise à ce sujet. Une fois de plus, les questions d’Antoine restent sans réponse.
– Disons que c’est un peu compliqué: on te baptise, tu as en plus de ton prénom ceux de ton parrain et de ta marraine, on va à l’église et l’on fait la fête…» lui répond sa mère.
Marianne est gênée de voir sa belle-fille dans l’embarras. Elle intervient alors: «Vois-tu, Antoine, les questions que tu poses à ta maman sont des questions difficiles. Nous, les adultes, nous avons parfois du mal à répondre à nos enfants ou à nos amis sur ces sujets. Parfois, il faut se tourner vers d’autres personnes plus à l’aise: ta maîtresse d’école, des amis plus âgés, ou tes grands-parents… Si tu veux, et si ta maman est d’accord, dimanche prochain nous irons ensemble au culte et tu pourras poser des questions concernant le baptême au pasteur de la paroisse. Tu vois de qui il s’agit? On l’a déjà croisé ensemble une fois ou deux.»