Taizé, petit village de Bourgogne à quelques kilomètres de Cluny. On est en 1940, Roger Schutz, jeune pasteur vaudois, est porté par le souvenir de sa grand-mère qui, durant la Première Guerre mondiale, a accueilli chez elle au nord de Paris des personnes qui cherchaient refuge. Il a 25 ans, il part depuis le village de Provence à vélo et arrive à Taizé. Les rares personnes qui habitent le village lui disent: «Restez ici, nous sommes si seuls.» Taizé se trouve à la frontière de la zone libre et la zone occupée et il accueille des réfugiés, et en particulier des juifs. Il prie dans la petite église du village.

Absent de sa maison quand la Gestapo arrive, il décide de repartir quelque temps en Suisse. Il revient à Taizé en 1944 depuis Genève avec trois amis. Ils iront à la rencontre de prisonniers allemands. Ils ont l’intuition qu’une vie en communauté peut être porteuse de vie et ouvrir sur des chemins de confiance et de réconciliation, car l’isolement peut conduire au découragement. Le matin de Pâques 1949, sept frères s’engagent ensemble dans une vie de communauté monastique protestante. La prière se vit trois fois par jour dans la petite église du village. Les frères vivent de leur travail. La communauté s’agrandit et devient œcuménique dix ans plus tard.

Aujourd’hui 100 frères vivent à Taizé ou dans les pays les plus pauvres, ils viennent de 25 pays. Des jeunes sont venus sans que les frères comprennent pourquoi tant de jeunes arrivaient sur la colline. Chaque semaine, ils sont entre 3000 et 5000 jeunes en été et entre 500 à 2000 en automne et au printemps. La communauté n’a jamais cherché à «attirer» les jeunes. Les jeunes viennent une semaine puis repartent dans leurs communautés, enrichis de ce qu’ils ont vécu.

Dans la Région de la Côte, nous irons avec des jeunes de tout le canton à Taizé à l’Ascension. Chaque année a lieu une rencontre européenne entre la fin de l’année et le début de l’an nouveau. Cette année, cela sera au nord de l’Allemagne à Rostock. Beaucoup d’entre vous se souviennent de la 30e rencontre européenne: c’était en 2008, à Genève. 40 000 jeunes se retrouvaient chaque jour à Palexpo pour prier et logeaient chez l’habitant. Ce moment a redonné un bel élan aux prières de Taizé vécues dans beaucoup d’endroits chez nous.

Témoignages

J’aime beaucoup le moment où, lors de la prière de Taizé, les frères se passent la lumière avec une bougie et que les flammes se répandent dans toute l’église. Les chants sont beaux et changent de ceux auxquels je suis habituée.
Emilie

Lorsque l’été laisse sa place à l’automne, je me réjouis de retrouver les activités liées à la vie de notre paroisse et plus particulièrement la célébration de Taizé à l’église de Genolier. Chaque 1er vendredi du mois, je sais que j’y suis attendue et que tout est prêt. Les tentures sont dressées, la croix est à sa juste place et les bougies sont allumées. Je m’assieds en silence et me laisse gagner par cette atmosphère paisible. Puis s’élèvent les chants méditatifs qui m’ouvrent à l’écoute de Dieu. Je ressens alors une sensation de chaleur et de bien-être et me sens profondément liée à tous mes frères et sœurs en humanité. J’en ressors pleine de gratitude et je garde précieusement en moi ces paroles: «La ténèbre n’est point ténèbre devant toi, la nuit comme le jour est lumière.»
Corinne

Chaque séjour est différent et m’a apporté une grande richesse dans ma foi et mes questionnements intérieurs. Si je devais résumer en un mot: Magique ! L’une des choses que j’apprécie particulièrement, c’est de pouvoir partager avec d’autres jeunes venant du monde entier sur des sujets qui nous préoccupent tous. C’est ensemble que nous pouvons grandir dans la foi et devenir artisan de paix. Nous vivons dans un monde où coexistent la lumière et les ténèbres et en allant à Taizé cela permet de réaliser qu’il y a bien plus de lumière dans nos vies qu’on ne le pense et que finalement elle surpasse les ténèbres.
Mélanie