La CMER signe la Déclaration commune sur la justification
Photo: ©Anna Siggelkow/CMER
Par Laurence Villoz, Wittenberg
«Nous vivons aujourd’hui un moment historique», s’est exclamé Heinrich Bedform-Strohm, le président du Conseil de l’Eglise protestante en Allemagne (EKD), mercredi 5 juillet, lors d’un culte œcuménique à l’église de Wittenberg. La Communion mondiale d’Eglises réformées (CMER) a paraphé deux déclarations de consensus sur la compréhension de l’Evangile: la «Déclaration commune sur la doctrine de la justification» et le «Témoignage de Wittenberg». «Nous donnons un signe d’unité très fort dans un monde divisé. C’est un espoir d’unité pour la terre entière», s’est réjoui le pasteur.
Un demi-millénaire après que Martin Luther a affiché ses 95 thèses sur la porte d’une Eglise à Wittenberg, provoquant la séparation de l’Eglise chrétienne, la CMER en présence des Eglises catholique, luthérienne et méthodiste a signé dans cette même ville un traité d’unité sur la question de la justification. Une des principales thématiques qui a provoqué le schisme au XVIe siècle. En deux mots, la justification permet l’accès au salut. Et alors que les catholiques prônaient le rachat des péchés par les œuvres, pour Luther et les protestants le salut est un don gratuit de Dieu.
Une nouvelle forme de dialogue et d’amitié«Nous avons réalisé que ce qui nous unissait était bien plus grand que ce qui nous divisait», a souligné Jerry Pillay, le président de la CMER. «La signature de la Déclaration commune sur la doctrine de la justification ouvre la porte à une nouvelle forme de dialogue et d’amitié», a insisté l’évêque Brian Farrell, le secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Ce traité a été créé en 1999 et signé initialement par la Fédération luthérienne mondiale (FLM) et l’Eglise catholique. En 2006, le Conseil méthodiste mondial y a apporté son aval. Devant plus de 700 personnes, la CMER a donné «l’accord des réformés avec le consensus sur les vérités fondamentales de la doctrine sur la justification», tout en y apportant un complément qui renforce les liens entre la justification et la justice.
«Je pense que Martin Luther serait la personne la plus heureuse en ce jour», a souri le pasteur Martin Junge, le secrétaire général de la FLM. «Nous espérons que cette signature va donner envie à d’autres Eglises de nous rejoindre», a ajouté le pasteur Jerry Pillay. Le pape François a également fait part de sa joie, dans une missive lue par l’évêque Brian Farrell: «Le processus d’étude et de discernement qui a mené à cette démarche apparaît comme un signe éloquent de notre engagement à marcher ensemble, en tant que frères et sœurs en Christ, du conflit à la communion, de la division à la réconciliation».
Renforcer les liens entre réformés et luthériensLors de cet office, la CMER qui rassemble 233 Eglises venant de plus de 100 pays a également signé le «Témoignage de Wittenberg» avec la Fédération mondiale luthérienne. Fruit de plusieurs décennies de discussions théologiques, ce traité «appelle les membres des deux Eglises à vivre dans une communion de plus en plus étroite», au niveau du culte, du témoignage, de la liturgie, de l’éducation théologique, de la justice et de l’altruisme.
Des représentants des Eglises orthodoxe, mennonite et du Conseil œcuménique des Eglises (COE), également présents lors de ce culte, ont tenu à exprimer leurs appuis. Ces événements ont eu lieu dans le cadre de l’Assemblée générale de la CMER qui se déroule du 29 juin au 7 juillet, principalement à Leipzig, en Allemagne.