De l’espace et de l’air
Quid des certitudes auxquelles on s’agrippe, politiques, existentielles, religieuses ou autres ? Je suis toujours mal à l’aise avec les envies exprimées de se cramponner à des écrits, d’absolutiser des idées ; asphyxiée quand quelqu’un « prend en otage » ami, famille, soignant, ecclésiastique, etc. Quiconque tente de « me tenir » d’une façon ou d’une autre, flatterie, chantage affectif, me fait fuir ! La question proximité - distance est essentielle pour toute relation. Pas de règle définitive, juste l’intuition du moment où c’est bien de prendre du recul, avec moi-même, ce que je crois, mon vis-à-vis. Eviter avec soin de faire vivre à l’autre ce que je supporte mal. Laisser un espace vital à moi comme à toi. Il nous faut de l’air libre pour choisir, renoncer, accueillir, pour la joie comme pour les larmes.
Cette réflexion est au cœur du récit de l’Ascension, selon le texte biblique le moment où Jésus se retire du monde tangible, terrestre. Désormais libre de toute tentative d’appropriation personnelle, exclusive, il sera hors de portée des mains et des regards. Loin des passions humaines, des réponses toutes faites, des diverses formes d’enfermement réducteur, Jésus, le Christ, se donne à l’humanité entière, et annonce la libre circulation d’un Souffle de vie saint, l’Esprit offert en lien avec Dieu et avec lui à tout être qui lui fera place.
Dès lors, pénible de lire ou d’écouter les courants de pensées fondamentalistes qui trouvent en Jésus des réponses à la lettre et les assènent à toute personne dont la foi prend un chemin différent. Dur aussi de comprendre les convaincus de l’être humain adulte et autonome, qui érigent en dogme le besoin de se débarrasser de Dieu, de Jésus-Christ, des Eglises, de la spiritualité, « tout ça » ! Et si nous lâchions un peu, pour retrouver la joie et le Souffle entre nous ? Ne cherchons pas à retenir, alors qu’il nous est dit d’aimer, de laisser vivre et de laisser partir. Pour la libre-circulation de la Vie !