Les Théopopettes reviennent pour une sixième saison

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Les Théopopettes reviennent pour une sixième saison

Laurence Villoz
10 novembre 2015
Devenues de véritables stars à Genève, les Théopopettes entament leur sixième saison à l’Espace Fusterie, les mercredis après-midi
Ce spectacle de marionnettes encourage le dialogue philosophique et spirituel chez les enfants de 4 à 9 ans autour de thèmes qui leur sont proches, comme le changement, la jalousie ou encore l’amitié.

Photo: A gauche Théo avec son «grand» Victor Costa, au milieu Popette et la comédienne Lorianne Cherpillod et à droite Madame Florence.

Le temple de la Fusterie, à Genève, se remplit d’enfants accompagnés de leurs parents, grands-parents ou oncles et tantes. C’est mercredi après-midi, les marionnettes Théo et Popette, un petit garçon et une fillette, sont de retour pour une sixième saison. «N’importe quel enfant doit pouvoir s’identifier à eux», explique Florence Auvergne-Abric, la créatrice des «Parlottes des Théopopettes».

Les bambins âgés de 4 à 9 neuf ans s’assoient au centre de l’Eglise sur des coussins. «Vous avez passé de bonnes vacances?», demande Théo avec un petit accent. Théo a un nouveau «grand» - il faut comprendre qu’il a changé de marionnettiste -, il s’appelle Victor et il est espagnol. «Nous avons eu dès le départ le souci de ne pas tricher. Si nous voulons que les enfants soient vrais avec nous, nous devons l’être également, c’est pourquoi les marionnettistes font partie du spectacle», précise la metteuse en scène.

Théo, tout content, montre à Popette les cadeaux que son nouveau «grand» lui a apporté: un t-shirt de l’équipe de foot espagnole et un petit taureau. Mais Popette s’enfiche, elle n’aime pas «La Spagne». Elle trouve que Théo a changé. La saynète évolue autour du thème du changement et le fait de grandir: «Changer parce qu’on devient plus grand ou changer parce qu’on a changé de «grand»?

Madame Florence établit le lien avec les enfants

Lors de chaque spectacle, Théo et Popette commencent par discuter entre eux autour d’une thématique précise, puis ils posent des questions à Madame Florence – Florence Aubergne-Abric – pour étoffer la discussion. «Madame Florence est une adulte qui interfère avec Théo et Popette. Ce n’est pas une maman, ni une maîtresse, mais un lien entre les marionnettes et les enfants qui assistent aux représentations», explique cette enseignante riche de 30 ans d’expérience.

Et alors que Théo et Popette «partent préparer le goûter» pour les petits présents dans le temple, Madame Florence entame la discussion. Elle sort différents objets d’une grande boîte: une orange, du lait, un caillou, un œuf. «Qu’est-ce qui peut changer», demande-t-elle. Les bambins ont tous quelque chose à dire. «Les tomates peuvent changer de couleurs». «Elles peuvent pourrir». «Il y en a des grosses et des petites». Puis Madame Florence sort une bouteille de jus de tomates de sa boîte à malice.

Un nouveau personnage va apparaître

Le spectacle met en scène aussi d’autres personnages qui apparaissent en fonction des thématiques abordées. Fourmix, la fourmi, est un personnage très âgé qui a reçu une Bible sur la tête et qui est désormais spécialiste des Ecritures. Sipoint, la coccinelle ne parle pas, seule Popette la comprend. Giovani est un petit garçon italien, parfois juif, noir ou musulman représentant l’altérité. Mathys, de son côté, a permis de porter un nouveau regard sur le handicap. Un nouveau personnage va apparaître le 25 novembre prochain, Azhima, une amie de Popette.

Lors de la rencontre du 28 octobre dernier, l’ouverture de la sixième saison, les organisateurs ont dû refuser, pour la première fois, des personnes à l’entrée. «Nous accueillons au maximum cent enfants. Pour pouvoir interagir avec eux, c’est trop compliqué s’ils sont davantage», explique l’animatrice pédagogique de l’Eglise protestante de Genève (EPG). L’entrée coûte cinq francs pour les enfants, mais se veut gratuite pour leurs accompagnants. Et le spectacle trouve tout autant d’adeptes parmi les adultes. «Une fois, un enfant est venu accompagné de cinq adultes», sourit Florence Auvergne-Abric.

Trois questions à Florence Auvergne-Abric

Enseignante pendant plus de trente ans, philosophe pour les jeunes, conteuse, scénariste, formatrice d’adulte et animatrice pédagogique à l’EPG, Florence Auvergne-Abric est née à Paris en 1958.

Qu’est-ce que vous avez envie de susciter chez les enfants à travers «Les parlottes des Théopopettes»?

J’ai le désir de permettre aux enfants de s’arrêter autour d’un sujet qui leur est proche. Dès qu'ils ont une expérience de vie, ils ont forcément quelque chose à dire sur des sujets comme la jalousie, l’amitié ou l’attente. J’ai envie d’amener les enfants à avoir une réflexion sur eux-mêmes, à développer leurs aptitudes à discuter, à questionner et à écouter l’autre. Pour eux, il n’y a pas de sujet tabou. Par exemple, la question de la mort doit être abordée.

Les Théopopettes sont une initiative de l’EPG et pourtant les thématiques n’ont pas systématiquement de lien avec la religion, pourquoi?

Le fait de ne pas être systématiquement dans des thématiques bibliques permet à tous, même aux adultes qui n’ont pas envie d’amener leurs enfants à l’Eglise de franchir la porte. Je pense que l’Eglise doit promouvoir la parole et il n’y a pas besoin que je parle d’un texte biblique pour être dépositaire de valeurs chrétiennes. Cette démarche n’est toutefois pas toujours comprise. Néanmoins, les personnes qui assistent aux parlottes reçoivent, si elles le souhaitent, un document avec la thématique du jour mise en lien avec un texte biblique.

Quelle est la nouveauté pour de la sixième saison ?

A travers chaque nouvelle saison, j’essaie d’amener un thème un peu plus délicat comme le handicap ou la séparation. Dans la saison 6, nous allons aborder le thème du divorce qui sera probablement amené par le personnage d’Azhima, une amie de Popette qui fera son apparition lors de la rencontre du 25 novembre.

Par ailleurs, les trois premières saisons étaient inédites. Mais pour les saisons 4, 5 et 6, la moitié des épisodes sont des reprises. Les enfants n'étant plus les mêmes, nous pouvons rejouer des thématiques des années précédentes.

Les prochaines rencontres:

Les prochaines «Parlottes des Théopoettes» se dérouleront les mercredis de 15h30 à 16h30, à l’Espace Fusterie, à Genève:

- les 11 et 25 novembre (présentation de la nouvelle chanson des Théopopettes avec les musiciens et les comédiens)

- les 9 et 23 décembre (parlotte de Noël)

- les 13 et 27 janvier

- les 10 et 24 février

- les 9 et 23 mars

Créatrice, metteuse en scène et scénariste Florence Auvergne-Abric collabore avec les comédiens Myriam Sintado, Lorianne Cherpillod, Mélanie Gendre, Marc Zucchello et Victor Costa. Actuellement les trois premières saisons des «Parlottes des Théopoppettes» sont disponibles en DVD.