Les francophones peuvent lire les paroles des cantates de Bach
«Les Eglises ne se donnent pas suffisamment les moyens d’utiliser Bach», regrette le pasteur luthérien, Marc Seiler. Jean-Sébastien Bach (1685 – 1750) a composé plus de 300 cantates, ce qui correspond à cinq années liturgiques complètes. Quelques dizaines ont néanmoins été perdues. En fonction des postes qu’il occupait, le compositeur allemand et luthérien a produit une nouvelle cantate chaque semaine, qui était jouée le dimanche lors du culte.
Passionné par les compositions de Jean-Sébastien Bach, Marc Seiler s’est lancé dans la traduction des 200 cantates pour culte, en français «accessible». Si ce théologien de l’Université de Strasbourg a accompli ce travail, c’est parce qu’il n’existe pas vraiment de bonnes traductions. Les livrets vendus avec les disques, dans les régions francophones, proposent la plupart du temps des traductions inadaptées.
Ainsi, en 2003, ce pasteur des paroisses du Par8, dans le Jura bernois, a pris trois mois sabbatiques pour se consacrer à la traduction des textes. «Ma démarche a été soutenue par l’Eglise de Berne». La cantate est une composition vocale et instrumentale qui a pris son essor à l’époque baroque. Sacrée ou profane, elle comprend des cœurs et des parties pour solistes. Pour s’immerger dans son projet, Marc Seiler s’est rendu en Allemagne, à Weimar et à Leipzig, deux villes où Bach a passé plus de la moitié de sa vie.
Des textes en allemand de l’époque baroque«Les textes initiaux datent de l’époque baroque, ils sont dans un allemand lourd qui est difficilement saisissable, même pour les germanophones d’aujourd’hui», précise le pasteur qui conseille de lire plusieurs traductions à la suite pour «atténuer le choc culturel». Afin de partager son travail avec le public, il a créé le site internet, baroque.ch.
En plus des traductions, le site contient des concordances pour chaque cantate avec l’événement auquel elle correspond et les références bibliques. Par exemple, une dizaine de cantates célèbrent la résurrection et ont été composées pour être interprétées le dimanche de Pâques. Christ lag in Todesbanden, en français Christ gisait dans les liens de la mort, fait partie des œuvres pour le matin de Pâques. Cette cantate est une des premières que Bach a produite, à Mülhausen, en 1707.
«Cette cantate est particulièrement représentative des compositions de Bach», précise Marc Seiler. Le texte est tiré des chorals de Martin Luther, écrits en 1524. «Il définit de manière très imagée la combat entre la vie et la mort, se reposant finalement sur la présence du Christ dans la Sainte Cène, véritable signe de la résurrection», explique le théologien. Deux passages bibliques sont mis en lien avec cette cantate: la résurrection dans l’évangile de Marc (16.1-8) et un extrait de la première lettre aux corinthiens (1Co 5.6-8).
Donner la musique à des parolesBach a écrit très peu de textes pour ses cantates. Il a utilisé certains chorals de Martin Luther et surtout les écrits de librettistes où poètes de l’époque. Néanmoins les paroles sont essentielles pour lui. «Il ne met pas des paroles à sa musique, il donne la musique à des paroles», rappelle Marc Seiler sur son site. Dans sa correspondance, le compositeur allemand laisse entrevoir le sens de sa démarche: «Mon but dernier a toujours été d’exécuter avec plaisir une musique sacrée bien réglée en l’honneur de Dieu».
Marc Seiler regrette que les cantates ne soient pas jouées plus souvent lors des cultes. «Mais c’est tellement cher d’organiser ce genre d’événements», constate le pasteur qui fait lui-même partie de plusieurs chœurs. «Je suis un choriste terrible, car je n’ai envie de chanter que du Bach». Pour Pâques, Marc Seiler ne présidera pas de culte accompagné d’une cantate. Par contre, il organise, pour le vendredi Saint, une marche jusqu’au sommet du Weissenstein, où se trouve une chapelle œcuménique. «Nous écouterons des extraits des passions de Bach pendant cette journée en plein air».
La musique de dans la liturgie luthérienneLa musique a une place importante dans la liturgie luthérienne notamment lors des cultes. L’un des principaux changements de la Réforme a été de permettre à tous de participer aux cultes quelque que soit leur niveau d’éducation. Ainsi, Luther a introduit le choral dans la liturgie. Ce genre musical est chanté par les fidèles pendant les cultes. Il est systématiquement en langue vernaculaire et se veut simple et facile à mémoriser. Toutes les cantates de Bach sont basées sur un ou plusieurs chorals. Ainsi, le culte commence par la première partie de la cantate, suit la prédication et finalement il se termine par la seconde partie de l’œuvre musicale.Cet article a été publié dans :
La Vie Protestante Berne Jura Neuchâtel dans son édition d'avril 2014
Bonne nouvelle dans son édition d'avril 2014