L’artiste François Burland réinterprète la nativité à l’Eglise Saint-François

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L’artiste François Burland réinterprète la nativité à l’Eglise Saint-François

Laurence Villoz
30 novembre 2012
Sept gravures originales de l’artiste franco-suisse François Burland illustreront la nativité dès le 1er décembre à l’Esprit Sainf. Cet artiste contemporain a travaillé pour cette exposition avec des gymnasiens lausannois. Entre cosmonautes et zeppelins, humain et divin, l’artiste place la nativité au cœur de l’histoire.


« Nous voulons faire rayonner les textes bibliques en collaborant avec des artistes contemporains », souffle le pasteur de l’Esprit Sainf, Jean-François Ramelet, et membre de la toute jeune association 'l’hospitalité artistique' à Saint-François. Pour cette première expo, François Burland s’est plongé dans les textes, avec le théologien Daniel Marguerat, aussi membre de l’Association. Il les a fait résonné en lui pour révéler sa propre interprétation de la nativité.

« Je suis parti sur une technique de collage, j’étais tellement imprégné de ces images des grands anciens comme Giotto, Fra Angelico ou Le massacres des Innocents de Poussin, que je ne pouvais pas les ignorer », explique l’artiste d’une cinquantaine d’années. François Burland a donc commencé à « découper ses livres d’art » et « réassembler les images des grands maîtres ». Ainsi, il a réalisé sept collages qui représentent chacun une scène de la nativité.

Dès le 1er décembre, le visiteur pourra découvrir des avions qui volent autour des anges. Youri Gargarine qui veille sur l’enfant Jésus. Ou encore des symboles communistes qui côtoient le super héros Captain America. « La force de cet artiste est de réunir une quantité de sources », explique l’historienne de l’art Florence Grivel, membre de l’Association l’hospitalité artistique. Elle aime particulièrement « son culot d’aller chercher des œuvres du 13ème et 14ème siècle et de leur donner un coup de jeune ».

Les gymnasiens ont gravé les œuvres pendant 700 heures

A partir des collages de l’artiste, les élèves du gymnase du Bugnon et leur professeur, le peintre romand Olivier Saudan, ont gravé sept panneaux en bois qui ont servi de matrice pour les gravures. C’est pendant les cours d’art visuel et une semaine spéciale, dédiée à ces activités, que les élèves ont travaillé. Puis, ils ont imprimé les gravures à l’Eglise Saint-François, pendant les trois samedis précédents le vernissage de l’exposition. Les gravures et les impressions ont nécessité 700 heures de travail.

Les gravures révèlent un monde bouleversé, loin de certaines représentations « mièvres » de la nativité. « C’est une manière de nous réveiller, le monde est bouleversé et il l’était aussi à l’époque de la nativité », relève Florence Grivel. Dans la plupart des scènes, le divin est représenté sur terre et les humains dans le ciel. La gravure des rois mages ne représente pas les rois mages mais leur point de vue sur la crèche. Elle permet ainsi au visiteur d’entrer dans la peau d’un roi mage, l’espace d’un instant.

L’œuvre, constituée de sept gravures, a été imprimée à trois exemplaires. Elle sera exposée dans le chœur de l’Eglise Saint-François jusqu’à la fin du mois de janvier. Parallèlement aux heures de travail investies, c’est un budget de 25 000 francs suisses qui a permis de faire aboutir l’ensemble du projet. « C’était serré », révèle Jean-François Ramelet. Cette somme vient de plusieurs sponsors dont l’EERV et le canton de Vaud.

François Burland en quelques mots

François Burland est un artiste franco-suisse, né en 1958 à Lausanne. Autodidacte, il commence à peindre à l’âge de 17 ans. Dès 1988, il passe sa vie entre le Mont-Pèlerin et le désert du Sahara. Son œuvre est extrêmement variée et affranchie de l’art académique. Ses travaux prennent la forme de dessins réalisés aux néocolors sur des papiers d’emballage, de poyas sur fond de papier kraft et encore de véhicules construits avec des matériaux de récupérations.

Depuis plus de 25 ans, ils enchaînent les expositions en Suisse et en Europe. Il est représenté en permanence à l’Espace Saint-François (E.S.F) à Lausanne, un lieu dédié à la création contemporaine. Son oeuvre fait partie de nombreuses collections publiques dont la Collection de l’Art Brut à Lausanne, le Fonds National d’Art Contemporain en France et encore l’Outsider Archives de Londres.

L’exposition de sa série de poyas au Musée Gruérien de Bulle, ce printemps, est le point de départ de l’aventure sur la nativité. « C’était magnifique ! J’ai tout de suite voulu travailler avec cet artiste», se rappelle Jean-François Ramelet.INFOS

  • Autour de la Nativité selon Burland, toutes les informations sur l’exposition et les événements sur espritsainf.eerv.ch

  • Vous pourrez aussi voir un reportage sur cette exposition, intitulé "Jésus aux mains des artistes" de Michel Kocher, suivi d’un entretien avec le pasteur Jean-François Ramelet dans l'émission "Faut pas croire ", le dimanche 31 décembre à 18h 40 sur RTS Un et en rediffusions à minuit et mardi 1er janvier à 13h 10 sur RTS Deux.
  • Oeuvres et exposition de Burland sur le site de l’E.S.F : www.esf.ch

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