Même Jésus a été critiqué pour son attitude
La liberté d’expression est chère à notre société, et l’on y tient, même si elle peut servir à condamner ou réprimer le mode de vie des autres. Mais, comme me l’a rappelé un oncle, en 2012 lors de l’acceptation du Synode vaudois pour un rite d’union de couple de même sexe: «Qui suis-je pour juger? Pourquoi discriminer des personnes alors que Jésus nous demande d’aimer et respecter les autres? »
Même Jésus de Nazareth a été critiqué pour son attitude et sa manière d’être. Il est même décrit comme un glouton, un ivrogne, un ami des collecteurs d’impôts et des pécheurs (Evangile de Matthieu 11, 19). Si Jésus a été pointé du doigt par les gens de son époque, c’est bien parce que l’être humain a besoin de se comparer pour se rassurer de faire les choses justes. Mais la Bonne Nouvelle ce n’est pas cela. Etre juste, ce n’est pas suivre strictement des règles parce qu’elles ont été écrites ou dites. Etre juste c’est poursuivre une relation avec les autres, retrouver notre humanité. C’est voir en chacun le visage de l’Amour, que nous, chrétiens, appelons aussi Dieu. Etre juste c’est suivre les chemins de la vie du mieux que nous le pouvons. La Bonne Nouvelle, apportée par Jésus de Nazareth, c’est cela.
Nous avons le droit de ne pas être d’accord avec les autres, mais «si vous faites des distinctions entre les personnes, vous commettez un péché» (Epître de Jacques 2, 9). Et j’oserai presque dire le péché. Etymologiquement, péché signifie rater sa cible, se tromper de chemin. Ainsi en nous comparant aux autres, en suivant les règles à la lettre nous nous trompons. En effet, faire une distinction entre les personnes, quels que soient les critères utilisés, c’est rater la cible de la Bonne Nouvelle. C’est se tromper de chemin dans notre relation aux autres et à Dieu. En agissant ainsi, nous nous empêchons de vivre pleinement la Bonne Nouvelle. Nous nous interdisons de nous libérer des discriminations qui nous empêchent d’être en relation, à commencer avec Dieu.
Etre juste ce n’est donc possible que dans le respect de nos différences. Et pour garantir cette Bonne Nouvelle, nous devons nous battre tant que certains ne comprendront pas qu’«il n’y a plus ni Juif, ni Grec, ni esclave, ni homme libre, ni homme, ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ» (Epître aux Galates 3,28).
C'est par la prière attribuée à Saint François d'Assise que nous vous invitons à passer de la réflexion à la méditation.
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.
Ô Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer.
Car c’est en se donnant qu’on reçoit, c’est en
s’oubliant qu’on se retrouve, c’est en pardonnant
qu’on est pardonné, c’est en mourant qu’on
ressuscite à la vie éternelle.
Explication
Le bon prédicateur doit avoir la Bible dans une main et le journal dans l’autre, selon une formule attribuée au théologien Karl Barth. Chaque mois, la rédaction met au défi un ou une jeune ministre de décrypter l’actualité avec les outils de la théologie.
L'auteure de cette page
Emmanuelle Jacquat est pasteure suffragante à Chavornay (VD). La Lausannoise a effectué son stage pastoral à Sonvilier (BE). Elle est co-auteure, avec Michel Kocher, de Une vie en marche – Les Béatitudes (82 pages, OPEC, 2018)