Le refus d’être l’homme providentiel
Dans la Bible, les lettres de Paul nous rapportent les échanges avec une communauté de Corinthe en proie à un conflit interne quant au choix d’un leader. Paul s’y trouve en concurrence avec un dénommé Apollos. Alors que la communauté est en danger, l’apôtre, en complet décalage avec son temps, refuse d’utiliser le prestige de la parole pour convaincre les Corinthiens. Même aujourd’hui, une telle attitude passerait au mieux pour de la mollesse. Les discours musclés sont à la mode. N’y a-t-il pas, en nous, ce besoin de «l’homme fort», de l’homme qui sait «taper sur la table» et imposer ses vues? Ne sommes-nous pas fascinés par «l’homme providentiel»?
Or, Paul refuse d’endosser ce rôle. Suivant l’enseignement du Christ, il en appelle à un changement de logique. A la croix, Jésus de Nazareth nous apprend que Dieu jamais ne règne par la violence. Jésus a choisi d’aller vers ce qui l’attend. Il ouvre un chemin d’acceptation de nos limites, et de notre impuissance.
Paul a fait lui-même l’expérience de la faiblesse. Il a été amené à réaliser qu’au creux même de la fragilité réside une force capable de le porter. Quand cette vulnérabilité est acceptée, l’autre n’est plus un rival à museler ou un faire-valoir à manipuler, mais un prochain à aimer. «Il y a une fissure en toute chose» en toi et en moi, «c’est par là que passe la lumière».
Cette méditation est un résumé d’une prédication de la pasteure neuchâteloise Isabelle Ott-Baechler. Elle peut être lue ou écoutée sur www.celebrer.ch.