Franchir le seuil
La mort est un sujet triste et tabou, particulièrement dans nos cultures occidentales. Ebranlé par la perte d’un être proche, il n’est pas toujours facile de s’orienter ou même d’appréhender la situation. Le soutien d’un·e ministre n’est pas anecdotique. Formé·e à la conduite d’un service funèbre, le ou la ministre offre une oreille attentive et permet de vivre cette transition avec humanité. Après avoir vécu un service funèbre dans la région, une paroissienne a accepté de partager son expérience.
Mireille a 79 ans. En 2021, sa mère est décédée peu après avoir fêté ses 100 ans. Ayant emménagé dans la Région La Côte en 2010 après un parcours mouvementé, elle ne s’est pas liée d’amitié avec beaucoup de gens autour d’elle. Il faut dire qu’elle passe l’essentiel de son temps à s’occuper de sa maman. A cette époque, bien qu’elle soit croyante, elle ne participe pas beaucoup à la vie d’Eglise. «Je m’étais rendue à des cultes à l’époque, mais je ne connaissais personne et j’avais l’impression de faire intrusion. Les gens discutaient entre eux, se connaissaient bien, passaient du temps ensemble. Cela faisait un peu club fermé – privé.»
Lors du décès de sa maman, à la douleur de la perte, s’ajoutent des questions: «Qu’est-ce que je vais faire maintenant? Suis-je devenue inutile?» Puis, la pasteure de la paroisse de Terre sainte est mise en contact avec elle par l’intermédiaire des pompes funèbres. Une rencontre a lieu chez Mireille. La pasteure lui pose des questions sur la défunte et sur sa vie. Mireille fait alors part de son abattement. «La pasteure m’a écouté attentivement. Puis elle m’a dit de ne pas m’inquiéter. Que Dieu allait m’aider. Que je n’étais pas inutile.» Lors du service, la pasteure parle des dons que chacun a et sur le fait qu’il faut les cultiver. Des mots qui vont toucher le cœur de Mireille et lui donner envie de mettre ses dons à disposition. Lorsqu’on lui demande si ce service funèbre l’a marquée, la réponse est immédiate. «Oui! Cela a été très positif et cela a beaucoup changé ma vie et ma manière de voir les choses.» Pour commencer, le service funèbre lui permet de revoir des gens qu’elle ne voyait plus depuis longtemps. Mais surtout, la pasteure l’a fait se sentir accueillie, un sentiment que d’autres personnes pré- sentes lui partageront. Au point que Mireille va redonner de l’élan à sa vie. En rejoignant tout d’abord la paroisse, où elle deviendra monitrice de catéchisme. Puis, en assistant au culte régulièrement, elle fait de nouvelles connaissances, de nouvelles amitiés. C’est lors d’une discussion avec une enseignante qu’elle partage le fait d’avoir été elle-même enseignante et que la vocation brûle toujours en elle. Peu de temps après, elle a commencé l’enseignement de l’allemand à des jeunes.