«Partager la foi de manière large»
Accueilli en septembre par l’EERV en tant qu’animateur d’Eglise, Cécil Guinand est de fait accompagnant spirituel. «Et je me reconnais bien dans ce titre», souligne cette personne non binaire de 37 ans, qui se distingue au sein de l’Eglise par son parcours de transition de genre. Assigné fille à la naissance, il a passé son enfance dans un milieu agnostique à La Chaux-de-Fonds. Il découvre l’Eglise réformée durant son doctorat en littérature. Alors qu’il s’interroge sur son avenir, l’accompagnement d’une pasteure marque pour lui une forme de conversion et un pas vers le baptême. Après son doctorat à Neuchâtel, il entame donc des études de théologie, mais ne se sent pas appelé par le pastorat. «Je rêvais de partager ma foi plus largement. Un stage dans l’accompagnement spirituel a provoqué le déclic.»
Transition de genre bien accueillie
Aujourd’hui, cet aumônier occupe deux postes au sein de l’aumônerie des hôpitaux universitaires vaudois. Dans le bâtiment principal du CHUV, il travaille avec les équipes soignantes en chirurgie plastique, en gynécologie et aux soins intensifs. Il rend visite aux patient·es qui le souhaitent. «Les cas sont souvent aigus. Selon le diagnostic, je sais qu’il aura des répercussions sur la vie de la personne. Mon rôle est d’explorer avec elle sa dimension spirituelle, de voir les ressources qui permettent de donner du sens à son vécu, que ce soit à travers Dieu ou la nature par exemple.»
Sa transition de genre a été bien accueillie tant dans l’Eglise qu’au sein du CHUV. «Avec les patient·es, cela ne pose pas de problème. Mon identité atypique me permet aussi de créer des alliances avec les personnes plus jeunes ou celles qui ont des a priori sur l’Eglise.»
A l’écoute des besoins
A Prangins, Cecil Guinand intervient un jour et demi par semaine en psychiatrie pour adultes et en gériatrie, un travail qu’il apprécie particulièrement. Il est à l’écoute des besoins des patient·es, souvent hospitalisé·es plus longuement. «Je les accompagne dans leurs promenades avec les physiothérapeutes et j’anime un atelier d’écriture avec une collègue.»
Le métier est difficile et demande beaucoup de ressources pour faire face au stress de l’hôpital, aux souffrances et au décès des patient·es. «Il s’agit d’accepter aussi que l’accompagnement se limite parfois à une seule visite. Un de mes souhaits serait de voir des accompagnants de confession musulmane ou juive intégrer le service d’aumônerie du CHUV. Un autre, de fluidifier le lien entre les lieux d’intervention: hôpital, aumônerie de rue et institution.»
Animateur d’Eglise ou diacre?
La différence entre ces deux métiers d’Eglise réside avant tout dans le parcours professionnel. Les animateurs ou animatrices d’Eglise disposent en principe de compétences socioculturelles ou médicales pour intervenir en aumônerie, explique Jean-Christophe Emery, directeur de Cèdres Formation. Ainsi, leur bagage professionnel leur permet souvent d’être engagés immédiatement dans l’EERV. Presque tous suivent ensuite le Séminaire de culture théologique. Les candidats à la diaconie suivent d’abord le séminaire, font une année de stage et sont consacrés par la suite. Ce qui n’est pas le cas des animateurs et animatrices. La polyvalence des diacres est plus grande: ils peuvent travailler à la fois en paroisse, en aumônerie ou dans une animation spécialisée. Sur le plan des salaires, en revanche, il n’existe pas de différence.