« Je vis un moment de recentrement »
Au fil des années, le parcours professionnel de Marie Cénec s’est de plus en plus aligné sur son cheminement personnel. De longue date très intéressée par les thématiques liées à l’écospiritualité, elle a franchi le pas en fin d’année dernière. La pasteure a quitté l’Eglise protestante de Genève, elle qui était ministre au sein de la paroisse Rive gauche et de Terre Nouvelle.
Marie Cénec a rejoint l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud le 1er janvier 2022, en tant que coordinatrice de la Transition écologique et sociale et de Terre Nouvelle. Ce choix est une continuité logique pour elle, qui a ressenti un «sursaut très fort de conscience écologique» il y a quinze ans, à la naissance de sa fille.
«Cela m’a saisie lorsque je suis devenue maman. Ces préoccupations que j’avais déjà depuis longtemps sont subitement venues au premier plan. Je me suis senti une responsabilité. Cela m’a réancrée. J’ai aussi voulu agir pour que ma fille ne puisse pas, un jour, me reprocher de ne rien avoir fait.» Marie Cénec s’est alors «mise en route petit à petit», entre méditation et alimentation bio.
Le second élément déclencheur de son parcours personnel a été sa rencontre avec l’écologiste Philippe Roch, en 2012 à l’Espace Fusterie, où elle exerçait alors son ministère. A la suite de sa conférence, il l’avait invitée à rejoindre un groupe de réflexion sur la nature et la spiritualité.
Pouvoir partager avec d’autres, en liant ces deux thèmes de manière aussi évidente, l’avait beaucoup enrichie.
«Cela m’avait rejointe dans quelque chose de puissant pour moi, le fait que Dieu, force de vie, peut se révéler partout, notamment dans la nature», explique la pasteure. Elle avait alors commencé à relire les textes bibliques en prêtant attention aux métaphores concernant la nature, à la manière dont la Création était considérée. Ses liturgies comme ses prédications avaient commencé à faire la part belle au Dieu créateur.
Pour Marie Cénec, la théologie et la pratique ont toujours été liées. Les questionnements ont donc accompagné sa relecture de la Bible: comment ne plus participer à la dévastation du monde? Comment se contenter de ce que l’on a? Comment aller vers l’essentiel pour plus de bonheur? Elle a changé de produits cosmétiques et ménagers. Elle a revu sa manière de consommer. «C’est un processus permanent.» Ainsi, elle a un peu trop désencombré son appartement, avant de se rendre compte qu’elle était allée trop loin dans sa démarche pour trouver «son essentiel.»
Un nouveau chapitre professionnel s’ouvre pour elle au sein de l’Eglise vaudoise: «C’était difficile d’avoir autant d’espace que je l’aurais voulu dans un ministère classique, même dans une paroisse très sensible à ces questions. Cela m’a donné l’envie de me spécialiser dans ce qui est devenu pour moi essentiel. Je suis très heureuse de cette possibilité de poursuivre mon ministère dans le cadre de Terre Nouvelle, en l’associant à la transition écologique et sociale.»
Marie Cénec travaillera en équipe et en collaboration avec les personnes des lieux pour impulser un mouvement et chercher des solutions ensemble. «Il est temps de creuser ces questions. Il s’agit de travailler théologiquement, de trouver de nouvelles pratiques face aux énormes défis qui nous attendent tous. C’est là où j’ai envie, aujourd’hui, de mettre mon énergie. Je me réjouis de voir ce que l’on réussira à faire ‹pousser ensemble›, quels projets vont émerger», partage avec enthousiasme la pasteure.