Un stress qui ronge corps et âme
La vie de Georges Musy s’est brusquement écroulée à l’âge de trenteneuf ans. «Je vivais à 300 à l’heure, j’étais engagé sur tous les fronts et ne disais jamais non. En plus j’étais perfectionniste», souligne-t-il. A l’époque agent d’assurances, il se levait à cinq heures du matin, enchaînait les rendez-vous et terminait ses journées dans des comités ou des activités d’Eglise : «Le paradoxe, c’est que je ne pouvais pas m’arrêter, si je me retrouvais inactif, il fallait absolument que je trouve quelque chose à faire. C’était une sorte de fuite en avant.» En fait, il créait lui-même son propre stress.
Trop plein
Ce rythme de vie effréné l’amènera progressivement vers un épuisement généralisé. «J’étais à bout physiquement, psychiquement et spirituellement», complète-t-il. En 2000, Georges Musy sera l’une des premières personnes à être diagnostiquée «burn out» en Suisse romande: «On ne parlait pas encore de cela en ces termes. Au début, les médecins pensaient que c’était juste de la fatigue due au surmenage.» Résultat des courses: deux ans et trois mois d’arrêt de travail. «Au début, je dormais parfois entre quatorze et dix-huit heures par jour. Au fur et à mesure, j’ai pu retrouver un équilibre de vie, mais cela a pris du temps. Cette période a été très difficile pour ma famille», se remémore-t-il. Son couple volera malheureusement aussi en éclats.
Remises en question
Ce passage à vide lui fera remettre certaines de ses certitudes en question : «Je me demandais pourquoi cela m’arrivait. Je donnais sans compter, j’étais fortement engagé dans mon Eglise. Quelque part, je trouvais cela injuste.» Avant son burn out, il se rappelle avoir demandé du repos dans l’une de ses prières. «On peut dire que Dieu m’a répondu, mais ce n’était pas la réponse que j’attendais», ajoute Georges Musy avec un sourire. Avec le recul, il voit cette traversée de désert comme salutaire : «J’ai totalement changé de vie. J’ai compris que l’on n’attendait pas autant de moi que je le pensais, que la vie n’exigeait pas forcément de contrepartie, surtout dans le domaine spirituel.»
Nouvel élan
Aujourd’hui, Georges Musy gère une petite entreprise de conseil en ressources humaines dans le Jura. En parallèle, il est directeur de magasins de seconde main à La Chaux-de-Fonds et au Locle (NE) dans le cadre de La Croix-bleue. Cet engagement lui permet d’aider des personnes en réinsertion professionnelle. «Je gagne deux fois moins, mais je m’en fiche», affirme-t-il. Georges Musy prend garde de ne pas reprendre certaines mauvaises habitudes. «Le plus dangereux, c’est ça !», dit-il en montrant son téléphone. «Je ne réponds plus pendant les pauses de midi et l’éteins après 18h30. La plupart des choses peuvent attendre le lendemain.» Georges Musy a relaté l’expérience de son burn out dans un livre où il se livre à cœur ouvert, en espérant que son histoire puisse servir à d’autres. Il s’est remarié et fréquente une Eglise évangélique dans le Jura bernois.
Livre
Consumé par l’intensité de la vie – Burn-out , il y a une issue !,
de Georges Musy, éditions RDF-Editions, 145 pages.