Un premier président sud-africain pour la CMER

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Un premier président sud-africain pour la CMER

25 juin 2010
Grand Rapids - Le premier président de la CMER, le Sud-Africain Jerry Pillay, a été élu jeudi soir à Grand Rapids, à quelques jours de la fin de l’Assemblée générale de la nouvelle organisation réformée mondiale. Lors de sa première conférence de presse, M. Pillay s’est présenté avec un profil de leader déterminé.

 

Par Michel Kocher

L’élection du pasteur Jerry Pillay renforce la présence africaine au sein des instances dirigeantes de la nouvelle Communion mondiale des Églises réformées. L’actuel secrétaire général de l'Alliance réformée mondiale (ARM), le pasteur ghanéen Setri Nyomi s’est vu reprocher d’avoir pesé trop lourdement sur le processus d’élection, ce que la présidente du comité des candidatures, une Australienne, a fermement démenti. Il n’empêche, l’Afrique va peser de tout son poids.

En terme de chiffres, cela n’a rien de surprenant, les réformés africains étant de plus en plus nombreux au sein du monde protestant. A son actif, il pourra se prévaloir d’une connaissance très large de son continent. Il est membre d’un groupe de médiation des conflits qui s’est engagé au Zimbabwe et à Madagascar. Des talents qui ont une valeur certaine dans un monde protestant prompt à la division.

Importance de l'échange interculturel

Secrétaire général de l’Église Presbytérienne Unie d’Afrique du Sud, après en avoir été le modérateur, il est aussi membre du comité central du puissant Conseil sud-africain des Églises (SACC) . Il a le profil type pour s’imposer dans une organisation internationale, qui fait de l’échange interculturel une valeur cardinale.

De langue maternelle anglaise, idiome ultra dominant au sein de la CMER, il a estimé que son leadership, déjà reconnu dans de nombreux domaines, saura s’imposer. D’ailleurs, a-t-il précisé, « ma vocation pastorale date de l’âge de 10 ans ». Manière élégante de dire qu’à l’âge de 45 ans, l’accession à cette haute fonction a quelque chose de naturel si l’on suit son parcours.

Elu à la tête d’une organisation libérale qui vient d’intégrer le Conseil oecuménique réformé (COR), une aile plus conservatrice, Jerry Pillay est attendu sur la ligne que suivra la CMER dans les années à venir. Priorité à l’engagement social ou à un renforcement confessionnel ? Sa réponse indique une évolution certaine. « Les deux vont ensemble, a-t-il estimé, mais le point de départ doit toujours être la Bible. »

Au-delà du gage ainsi donné aux membres conservateurs, toujours craintifs de prises de position politiquement connotées, parfois qualifiées de « néo-marxistes », le signal donné n’est pourtant pas celui d’un repli. La volonté affichée de Jerry Pillay est celle de donner une nouvelle impulsion au mouvement réformé, y compris le dialogue interreligieux dont il estime qu’il fait partie intégrante de la mission. Au Calvin college de Grand Rapids, un lieu considéré comme un "sanctuaire identitaire" pour les réformés américains et plus largement, le propos sonne comme une invitation à se mettre au travail.

BIO

Jerry Pillay en connaît un bout en matière de pilotage et d'unification d'Église. Depuis près de dix ans, il accompagne un processus de fusion entre une église noire et une église multiraciale en Afrique australe. Titulaire d'un doctorat en missiologie (étude de la mission) orienté sur le développement social, le pasteur d'ascendance indienne peut se targuer d'une solide expérience en matière de direction institutionnelle.

Outre diverses responsabilités exercées pour le compte de l'Alliance Réformée Mondiale, il est actif au Conseil Oecuménique des Églises et membre du Conseil Mondial des Missions (CWM), organisme international basé à Londres. MK

M. Locher à la direction de la CMER

Outre M. Pillay, vingt-deux membres du Comité exécutif ont été élus. Tous les continents sont représentés en propostion du nombre de leurs Eglises. Parmi les cinq vice-présidents de la CMER, deux membres européens ont été choisis: le Hollandais Bais Plaisier à la vice-présidence, et le nouveau président de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), Gottfried Locher, à titre de trésorier. M. Locher aura la difficile tâche de chercher à stabiliser la situation financière de la CMER.

Parmi les vingt-deux membres de la nouvelle direction, il y a 14 personnes dotées d'une fonction ecclésiastique, 13 femmes, sept Occidentaux (quatre Européens et trois Américains), et deux personnes de moins de 30 ans.Le comité de nomination a tenté de respecter la demande de parité formulée par la Conférence des femmes, qui a précédé l’Assemblée d’unification.TB-comm.-RNA-AB

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