Une église «qui encourage à vivre»
La première pierre a été posée en décembre dernier sur l’ancien site du vivarium de Lausanne. Mais le projet d’une nouvelle église pour la communauté orthodoxe érythréenne de Suisse date de 2015, alors qu’un grand nombre de réfugiés arrivaient d’Erythrée. La communauté est alors hébergée dans le centre paroissial du temple protestant de Chailly (Lausanne) et utilise aussi des salles de la paroisse de Prilly. Avec 250 à 300 fdèles réguliers – 450 à 500 lors des fêtes comme Pâques –, le besoin d’avoir ses propres murs devient pressant.
Sans compter qu’«il y avait des problèmes avec les voisins», se souvient Million Elias, l’un des diacres de la communauté et porte-parole du projet. «Mais le pasteur Rochat a fait beaucoup pour les réduire.»
Virgile Rochat, alors pasteur de la paroisse de Chailly-La Cathédrale, avait «pris la communauté en amitié». Et se souvient en effet de tensions avec les voisins, mais aussi avec ses paroissien·nes «pour des questions de bruit, d’odeurs de nourriture, de portes qui n’étaient pas fermées»…
Ressourcement thérapeutique
Il faut dire qu’avec ses diacres et son prêtre, l’Eglise érythréenne remplit toute une série de fonctions, bien au-delà d’un culte du dimanche matin. Le service hebdomadaire se déroule «la nuit du samedi au dimanche, la nuit étant le bon moment pour prier. Chaque dimanche matin est ainsi vécu comme une résurrection», explique Brhane Tseheye, prêtre de la paroisse. Des repas communautaires sont alors partagés.
Et tout au long de la semaine, l’église est investie: confessions – qui peuvent durer deux heures par personne –, cours de langue, de catéchisme et école du dimanche, mais aussi rites spirituels de guérison. «En Erythrée, par exemple, une personne malade peut venir parler au prêtre, qui procède à un rituel, et rester sur place ensuite 7, 14 ou 21 jours. Là-bas, cette pratique se déroule en principe à la montagne», résume Brhane Tseheye.
Enfn, toute la journée, des membres de la communauté «viennent pour se rencontrer: personnes âgées, sans travail ou mamans avec enfants en bas âge…» décrit Million Elias.
Bref, «l’église est un lieu de vie, de ressourcement, guérissant. Outre le fait qu’elle est habitée d’une présence mystique, elle fait du bien, encourage à vivre, en particulier dans une communauté qui compte beaucoup de personnes secouées par la vie», décrit Virgile Rochat. «C’est un endroit où l’on peut se reposer, méditer, laisser son stress derrière soi… Comme dans une abbaye», résume Brhane Tseheye, citant celle de Saint-Maurice.
Contraintes fnancières
Reste que les contraintes fnancières sont importantes. La communauté ne peut pas construire de bâtiment selon les canons érythréens, mais est satisfaite du projet élaboré. L’achat du terrain et la construction s’élèvent à 5 millions de francs. Deux millions ont été trouvés grâce à la générosité des fidèles, à quelques dons privés ainsi que de paroisses. Virgile Rochat joue un rôle «vaste et fondamental», souligne Million Elias, pour aider à faire connaître et financer ce projet. Et 2,5 millions de francs font l’objet d’un prêt bancaire. La communauté cherche désormais encore 500'000 francs. Seul souci, la dimension religieuse refroidit les soutiens publics ou les fondations. «Pourtant, l’aspect social est évident», soupire Virgile Rochat. Les fdèles espèrent pouvoir inaugurer les lieux en 2026.
Le site de la communauté orthodoxe érythréenne: www.eoe-vd.ch