Martin Luther King, au-delà de la haine

Martin Luther King Jr. / ©Dick DeMarsico, World Telegram staff photographer, Public domain, via Wikimedia Commons
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Martin Luther King Jr.
©Dick DeMarsico, World Telegram staff photographer, Public domain, via Wikimedia Commons

Martin Luther King, au-delà de la haine

Non-violence
Acteur de la lutte non violente contre le racisme aux Etats-Unis, le pasteur baptiste ancrait son combat dans la foi en Christ.
Souvent, les hommes se haïssent les uns les autres parce qu’ils ont peur les uns des autres ; ils ont peur parce qu’ils ne se connaissent pas ; ils ne se connaissent pas parce qu’ils ne peuvent pas communiquer ; ils ne peuvent pas communiquer parce qu’ils sont séparés.
Martin Luther King Jr (1929-1968)

«Rendre la haine pour la haine multiplie la haine, ajoutant une obscurité plus profonde à une nuit sans étoiles. L’obscurité ne peut pas chasser l’obscurité: seule la lumière peut faire cela. La haine ne peut pas chasser la haine: seul l’amour peut faire cela.» Ces mots de Martin Luther King, prononcés en 1967, un an avant sa mort, disent la conviction qui anime le pasteur baptiste noir durant toute son existence: face à la haine et à la violence, la résistance non violente est non seulement juste, mais indispensable, car aussi juste que soit la cause défendue, la violence ne peut que perpétuer un cycle de vengeance et se conclure irrémédiablement par un échec.

Né à Atlanta, en Géorgie, dans le sud raciste des Etats-Unis, Martin Luther King incarne la voix des minorités ethniques marginalisées, des pauvres, rejetant à tout prix l’utilisation de la violence et des armes.

Fils d’un pasteur baptiste, le futur militant des droits civiques se forme au sein des Eglises noires, un réseau de communautés de foi depuis longtemps engagées pour l’émancipation des Africains-Américains. Après ses études de théologie, King devient pasteur de la communauté de Montgomery, en Alabama, au cœur du Sud. Une stricte ségrégation raciale y règne: dans les écoles, les magasins et même les bus, les Noirs sont des parias, obligés de céder la place aux Blancs et de s’asseoir dans des compartiments séparés. En 1955, épuisés par ces humiliations, les Noirs de Montgomery décident de protester pacifiquement. Le pasteur King est élu porte-parole de la contestation. Avec un premier grand résultat: l’abolition de la ségrégation dans les transports en commun.

L’esprit du Christ

D’autres manifestations suivent, à l’instigation de Martin Luther King. A la différence d’autres leaders noirs, qui ne dédaignent pas l’usage de la violence, convaincus que la lutte contre le racisme ne peut être gagnée que par la force, le pasteur baptiste persévère dans la voie du dialogue et de la non-violence. «Le Christ me donne l’esprit, Gandhi la mé-thode» est sa devise. Incarcéré à plusieurs reprises, il met sur pied, en 1963 une grande «marche sur Washington pour l’emploi et la liberté». C’est là, devant une foule de 250'000 personnes, qu’il prononce son célèbre discours «I have a dream» (voir encadré).

Et la mobilisation porte ses fruits: l’année suivante, le Congrès adopte la Loi sur les droits civils, qui met fin, aux Etats-Unis, à toute forme de ségrégation reposant sur la race ou la couleur. En 1964 toujours, King reçoit le prix Nobel de la paix. Et il continue sa lutte contre les nombreuses discriminations et persécutions persistant à l’encontre des Africains-Américains. Son combat s’élargit: contre la guerre au Vietnam ou contre la pauvreté. Face aux violences et aux insultes, ses armes sont toujours les mêmes: la non-violence, la prière, les paroles.

Le 4 avril 1968, 6'000 travailleurs noirs organisent une marche de protestation au cœur du ghetto de Memphis. Martin Luther King est à la tête de la manifestation. Il se tient sur le balcon d’un motel lorsqu’un coup de feu l’atteint. Le tir lui est fatal. Il a 39 ans.

Rêve de fraternité

«Je rêve qu’un jour les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires puissent s’asseoir ensemble à la table de la fraternité. Je rêve que mes quatre enfants vivent un jour dans un pays où l’on ne les jugera pas à la couleur de leur peau, mais à la nature de leur caractère.»

Martin Luther King, le 28 août 1963.