«Personnellement, je suis un artiste. Quand j’écris ou que je joue, c’est en tant qu’artiste, même si, bien sûr, le fait que je sois chrétien, protestant, transpire dans ce que je fais», explique Pierre-Philippe Devaux, directeur artistique de la Compagnie La Marelle. Basée à Cheseaux-sur-Lausanne, cette dernière a succédé en 1982 au Théâtre à l’Eglise, cofondé à Lausanne au début des années 1960 par le pasteur-aumônier d’évangélisation Alain Burnand.

L’association TemPL’Oz Arts, constituée d’entente avec la paroisse protestante de Plan-les-Ouates, dans le canton de Genève, propose pour sa part ses spectacles dans le temple depuis 2016. Son trésorier est l’ancien pasteur Roland Benz, qui avait animé pendant dix ans les activités pour les jeunes au sein de l’AJEG (Animation jeunesse de l’Eglise protestante de Genève), montant notamment de nombreuses comédies musicales et pièces de théâtre avec eux.

«Nous ne nous affichons pas en tant que théâtre protestant ou d’évangélisation, néanmoins nous avons la volonté d’offrir une réflexion spirituelle en lien avec le protestantisme et la religion à travers une variété de spectacles puisque nous proposons non seulement du théâtre, mais également des événements centrés sur le chant ou la musique. Notre volonté est de faire connaître la Bible, la foi, les Evangiles, d’apporter une réflexion éthique ou spirituelle sur des sujets importants», précise Roland Benz. Ainsi, certaines pièces sont très nettement liées à l’Evangile, alors que dans d’autres la relation est moins explicite.

La Marelle n’a pas non plus été créée pour être un théâtre chrétien ou pour partager les textes bibliques, mais avec l’objectif d’apporter le théâtre en l’Eglise, à destination de tout le monde et non pas des seuls croyants. «Je ne pense pas qu’il y ait une part de prosélytisme ou la volonté d’imposer une idéologie dans ce que nous faisons, même s’il y a souvent une connexion avec la Bible et la religion. On retrouve avant tout des valeurs chrétiennes universelles dans ce que nous proposons, par exemple un prisme humaniste ou encore une démarche d’ouverture», poursuit Pierre-Philippe Devaux.

«Je suis convaincu que l’art en général, pas seulement le théâtre, est un média qui permet d’établir une relation, de présenter une réflexion, de partager une sensibilité ou un point de vue différent», dit Pierre-Philippe Devaux. Ancien de la compagnie marseillaise Sketch’Up, qui n’abordait dans ses spectacles que des passages bibliques ou des histoires en lien avec l’Eglise, il est certain que même cette approche plus enfermante s’adresse à tout le monde: «Il n’y a pas besoin de connaître la Bible pour comprendre ces sketchs-là. Les textes se suffisent à eux-mêmes.»

Pour Roland Benz aussi, une pièce de théâtre peut être considérée comme un témoignage de foi au sens large: «C’est une façon d’être présent sans forcer le trait, une autre manière de faire connaître l’Evangile, plus parlante pour certaines personnes. Le théâtre est un des vecteurs encore possibles pour communiquer quelque chose de la Bible et des Evangiles, pour susciter un intérêt.»