Au caté, laisser les enfants s’exprimer

En Afrique, comme en Europe, Armanda Ganye et Adolphe Zannou-Tchoko constatent les mêmes défs auprès des jeunes: parler de spiritualité, dans une société toujours plus matérialiste. / © DM
i
En Afrique, comme en Europe, Armanda Ganye et Adolphe Zannou-Tchoko constatent les mêmes défs auprès des jeunes: parler de spiritualité, dans une société toujours plus matérialiste.
© DM

Au caté, laisser les enfants s’exprimer

Méthodistes
Comment parler de foi aux enfants et aux ados? DM soutient les échanges dans ce domaine entre l’Eglise protestante méthodiste du Bénin et des Eglises romandes.

Armanda Ganye est trésorière et monitrice du culte de l’enfance à l’Eglise protestante méthodiste du Bénin (EPMB) et Adolphe Zannou-Tchoko y est pasteur et directeur du département de l’école du dimanche. Leur institution, née en 1843, est l’une des principales dénominations du pays. Elle compte 900 églises sur 19 régions synodales. A partir de 1993, elle développe une réelle politique pour les plus jeunes. A ce moment-là, de véritables «temples pour enfants» sont construits et prennent peu ou prou la forme d’écoles: des salles y regroupent les enfants par âge (des tout-petits jusqu’à 15 ans environ).

«L’objectif d’alors, c’était la séparation d’avec les parents: au culte, les enfants bavardent; les adultes ne peuvent pas suivre. Il était dès lors important d’occuper les petits aussi», explique le pasteur. Concrètement, les jeunes ont droit chaque dimanche à leur propre programme et à leur culte dédié: «On lit la Bible, on la médite, on permet à l’enfant de poser des questions, il peut lire le texte lui-même», explique Armanda.

Alors qu’en Suisse la tendance est au développement d’activités «parents-enfants», au Bénin, le système des Eglises d’enfants est bien accepté, estime le pasteur. Elles sont fnancées par les Conseils d’Eglises. Et le ministre de noter aussi que les parents ont pleine confance dans les 1500 moniteurs de l’EPMB qui s’occupent de leur progéniture.

«Avez-vous aimé?»

DM soutient l’Eglise béninoise dans la formation de ses moniteurs: l’organisation a donc concocté pour Armanda Ganye et Adolphe Zannou-Tchoko – de passage en Suisse – un parcours de visites et de rencontres avec différents partenaires et interlocuteurs ecclésiaux en Suisse romande. En découvrant d’autres méthodes de transmission (comme le théâtre des Théopopettes ou le jeu Godly Play), c’est de nouvelles manières d’interagir avec des enfants qu’ils ont observées: «Le libre choix est laissé aux enfants pour donner leurs impressions. La première question qui leur est posée, c’est: ‹avez-vous aimé?›. Les enfants donnent leur avis. Chez nous, c’est différent, avec davantage des questions de compréhension», pointe Armanda. Au Bénin, la transmission est plus «frontale», explique le pasteur. «On apprend de ses aînés qui ont plus de savoir et d’expérience que nous: cela correspond à la réalité de la société africaine.»

Il n’est cependant pas question de «copier-coller» des outils découverts ici à Cotonou: «Nos moyens sont trop limités», reconnaissent les deux envoyés. Cependant certaines approches peuvent être reprises. «Raconter au moyen d’un objet ou d’un dessin pour que l’enfant puisse réellement revivre ce qui se passe, qu’il ait l’impression d’être là au moment où cela se déroule», pointe par exemple Armanda. Qui a aussi remarqué qu’ici «quand un moniteur présente une animation, il est totalement absorbé par ce qu’il fait». L’attitude et la posture font beaucoup pour la qualité de la transmission.

Le voyage a été l’occasion de nombreuses observations, mais sans naïveté. «Ce n’est pas ‹tout bien› dans une culture et ‹tout faux› dans une autre. Il faut réussir à faire une synthèse des deux», explique le pasteur.

Armanda et Adolphe ont ainsi apprécié les nombreux temps de convivialité en milieu protestant, occasions de prendre des nouvelles de l’autre. Mais ils constatent aussi que les cultes ici «ne bougent pas trop»… «Chez nous tout démarre avec des chants et des danses», souligne Armanda: «C’est une manière de montrer sa joie d’être là.»