Travailler hors des murs de l’église
«Il y a parfois tout un chemin à parcourir avant de réussir à faire de son métier sa vocation et de sa vocation son métier, comme le disait le réformateur Martin Luther. Pour ma part, il m’a fallu des années pour dire, aujourd’hui, que je fais le plus beau métier du monde.» Avant de faire ce constat, Christian Mairhofer a été pasteur, durant près de vingt ans. Au sein du milieu évangélique, qu’il a rejoint dans sa jeunesse alors qu’il était encore employé de banque.
Son enfance, il l’a passée dans un milieu chrétien, mais non pratiquant. «C’est à 19 ans qu’une parole de l’Evangile a touché mon coeur et transformé ma trajectoire.» Jeune adulte, il a ensuite quitté la banque, pour étudier la théologie à plein temps, dans une faculté évangélique. Puis il fait trois ans d’études en France, où il rencontre son épouse. Le couple et ses deux jeunes enfants partent ensuite en Égypte pour DM – échange et mission. Christian Mairhofer y a été pasteur six ans pour la paroisse protestante francophone du Caire et d’Alexandrie. Une expérience faite d’ouverture et de rencontres.
De retour en Suisse, la famille s’installe à Yverdon-les-Bains, où le ministre oeuvre encore pour une Eglise évangélique. C’est à l’approche de la cinquantaine que Christian Mairhofer, «en désamour avec certaines valeurs du monde évangélique», rejoint l’Eglise réformée vaudoise, notamment «pour son ouverture et sa capacité à accueillir les questionnements de ses contemporains». Il opte pour un stage diaconal. «Je souhaitais changer de posture professionnelle et j’avais envie de travailler hors des murs de la paroisse, davantage dans l’aumônerie, pour être avec les gens, les écouter, dans une horizontalité. Un désir qui a germé en moi au fil du temps.»
Une multiplicité de rencontres
Après son stage et sa suffragance, l’aumônier demande à travailler davantage en EMS. «Je me sentais à l’aise avec les aînés.» Il consacre aujourd’hui la majeure partie de son temps aux anciens dans huit EMS du Nord vaudois et dans cinq établissements d’appartements protégés et de centres d’accueil temporaire. «Les personnes âgées sont souvent pleines d’humour, ont une riche expérience de vie et accordent leur confiance lorsque l’on prend le temps de s’arrêter auprès d’elles. Il se passe souvent de belles choses dans cette rencontre simple. Il y a une belle lumière. Le mystère de Dieu est présent.» L’aumônier conduit aussi des célébrations religieuses et aime y intégrer des éléments venant d’autres horizons, comme des textes de sagesse.
Le reste de son temps est consacré à la Roulotte, un camping-car faisant office de lieu d’accueil présent deux ou trois soirs par semaine sur la place de la gare d’Yverdon. Les passants, les gens de la rue, des personnes de tout âge viennent y boire un café, échanger un instant ou parler de leurs soucis. «Nous sommes dans la gratuité de la rencontre, sans autre désir que d’être présents pour les gens, d’accueillir ce qu’ils ont envie de nous dire.» Il s’agit parfois d’orienter les personnes vers le réseau social ou, en hiver, de distribuer des vêtements chauds, des couvertures. «J’aime ce métier et cette multiplicité de rencontres qu’il permet. Je n’en changerais pour rien au monde.»