L’importance du corps dans le voyage

Une dizaine de jeunes intéressés par les voyages solidaires ont participé à la formation œcuménique Jack S en mars dernier à Blonay / ©DR
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Une dizaine de jeunes intéressés par les voyages solidaires ont participé à la formation œcuménique Jack S en mars dernier à Blonay
©DR

L’importance du corps dans le voyage

Nathalie Ogi
29 mars 2023
Différences
A l’étranger, comment respecter les limites de son corps et les codes culturels en vigueur? Les formations Jack S préparent à de tels défis les jeunes souhaitant s’engager dans des voyages solidaires avec les Eglises romandes.

«Je sais ce que signifie d’être une jeune femme blanche seule dans un pays étranger. Vais-je entrer dans un café fréquenté uniquement par des hommes? Est-il acceptable pour moi de porter le voile? Suis-je consciente que je ne pourrai pas sortir seule le soir?» Autant de points sensibles soulevés par Caroline Nizard, anthropologue à l’Université de Lausanne, lors d’une formation œcuménique organisée à la mi-mars sur les hauteurs de Blonay. Forte d’une riche expérience d’expatriation, la jeune femme transmet des pistes visant à sensibiliser les dix jeunes participant∙es aux outils et réflexes utiles dans un pays d’outre-mer.

La préparation d’un voyage ne s’opère pas seulement sur le plan intellectuel. Confronté à des conditions inhabituelles, le corps aussi est sollicité. Il interroge notre rapport à la différence sur des questions comme la distance physique, les gestes autorisés, l’habillement, la sexualité, souligne l’anthropologue. Il est important de connaître ses limites, de savoir que l’organisme peut être impacté par l’alimentation, le climat ou la maladie. 

Des outils concrets

Cette formation Jack S, mise sur pied par l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), en partenariat avec DM (Dynamique dans l’échange), est destinée aux jeunes de 18 à 30 ans de toute confession et s’est ouverte pour la première fois à des participant·es d’autres cantons romands. «Elle vise à aider celles et ceux qui souhaitent organiser un voyage solidaire ou y participer à mettre le pied à l’étrier», explique Marc Rossier, responsable de la formation et du secteur Jeunesse à l’EERV.

Des outils, une préparation, une structure d’organisation, c’est ce qu’est venue chercher Adeline, 27 ans, animatrice à Inter’Est, association d’échange et de coopération pour la jeunesse qui organise des camps solidaires en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. L’été prochain, la Biennoise accompagnera six jeunes à Madagascar. Son expérience lui permet déjà d’intervenir dans la formation, où elle présente des pistes sur les finances et la recherche de fonds. 

Gestion du stress

Au programme de ce week-end, également: les questions de santé et d’hygiène, avec l’intervention d’un infirmier spécialisé en médecine tropicale. On parle de vaccination, tandis qu’une ancienne volontaire à Haïti partage des conseils sur la manière de gérer le stress et la sécurité sur le terrain.

«C’est la première fois que je participe à un tel projet. Ce cours apporte des éléments concrets et nous permet de prendre conscience de notre responsabilité et d’enjeux auxquels nous n’aurions pas pensé», se réjouit Florence, 52 ans, bénévole de la paroisse de La Neuveville. Avec Nicolas, 26 ans, de Grandvaux, elle s’apprête à partir au Kenya pour soutenir des femmes atteintes du VIH. Le voyage aura valeur de stage reconnu par la Haute Ecole de santé de Lausanne que fréquente Nicolas, explique Marc Rossier. Lequel précise que ce type de séjour se veut solidaire et non pas humanitaire. «Nous aimons collaborer avec des partenaires locaux, comme des Eglises qui développent des projets sur place. L’objectif n’est pas de se présenter en sauveur pourvoyeur de richesse, mais de montrer ce que peuvent apporter la rencontre et l’échange avec d’autres cultures, dans le respect de chacun.»