Une antenne relais dans la nef
Le projet de Christâne du sculpteur Nikola Zaric, les échelles calcinées de Sandrine Pelletier, les gravures de François Burland… Depuis dix ans, l’église de Saint-François accueille des artistes dans le but de les faire dialoguer avec la théologie et la pensée protestante. Depuis le 17 juin, c’est le collectif Fragmentin qui répond à l’invitation. Seules contraintes: aborder la question de la parabole et ne pas avoir d’impact durable sur le monument. Le résultat est à découvrir depuis le 17 juin et jusqu’au 7 octobre dans l’église lausannoise. En entrant, le visiteur contourne un fragment de pylône de télécommunication. D’autres morceaux de l’édifice récupéré auprès d’une entreprise spécialisée sont installés dans le bâtiment vidé de ses bancs. Les morceaux suspendus au plafond forment une flèche brisée partant de la nef et pointant vers le chœur.
Les antennes verticales de l’installation sont posées à même le sol, alors que les antennes paraboliques de l’installation relais ont été bricolées pour y intégrer des haut-parleurs puis installées sur des moteurs qui leur donnent des mouvements saccadés.
Un texte est lu, il résonne dans les colonnes de monument jusqu’à en devenir à peine compréhensible. Alors que l’on s’avance, on est surpris par un son qui semble provenir de sa tête. Une partie des haut-parleurs diffuse un flux directionnel parfaitement audible pour autant que l’on s’en trouve exactement dans l’axe. Des compositions sonores, les textes scientifiques ou théologiques s’entrecroisent ainsi provoquant des impressions fortes chez les visiteurs.
Des bruits d’orgues travaillés par les artistes sonores Julie Semoroz et Emma Souharce sont diffusés en nappes jusqu’à faire douter: «s’agit-il vraiment d’orgues ou est-ce plutôt des grésillements d’un composant électronique?» Ces sons se font entendre en alternance avec les visites guidées d’infrastructure de l’anthropologue Nicolas Nova, d’un poème de Francine Carillo, des informations concernant les ondes électromagnétiques de la scientifique Veronica Bindi et des textes de l’archéologue des médias Yves Citton.
Pasteur du lieu, Jean-François Ramelet se réapproprie l’œuvre avec bonheur y saisissant de multiples résonances théologiques. «Dans l’Ancien Testament, l’Esprit est souvent comparé à un souffle, mais dans le Nouveau Testament l’Esprit est communicateur, porteur de la pensée divine. C’est cette dimension que je trouve particulièrement bien illustrée par cette œuvre qui dans une logique qui nous échappe nous amène à recevoir des messages qui semblent surgir en nous.»
Toutes les activités cultuelles du lieu sont maintenues durant l’exposition et un riche programme de conférences et de concerts sera en outre proposé à découvrir sur www.sainf.ch.
Le collectif Fragmentin est basé à Lausanne. Il est composé de Laura Perrenoud, de David Colombini et de Marc Dubois.