Les lieux culturels en convalescence

© DR
i
© DR

Les lieux culturels en convalescence

Incertitudes
Les lieux culturels d’Église ont été durement touchés par la Covid. Comment vont-ils rebondir?

Le Centre culturel des Terreaux, à Lausanne, avait programmé douze spectacles, soit 35 dates, entre la mi-mars et l’été. Rien n’a pu avoir lieu. «Depuis le 9 mars, il n’y a plus aucune activité aux Terreaux et plus de revenus», explique Didier Nkebereza, nouveau directeur du théâtre. Même constat pour les spectacles des Théopopettes (voir photo), qui ont dû annuler les dix dates prévues. A la compagnie de La Marelle*, c’est près de quinze dates qui sont parties en fumée. Les lieux culturels d’Église, durement touchés par la pandémie, jonglent entre subventions, solidarité et créativité pour maintenir leur activité à flot.

Offre virtuelle

Certaines structures sont passées entre les mailles du filet. L’association Tem-PL'Oz Arts, issue de la paroisse de Plan-les-Ouates à Genève, a pu donner son dernier spectacle le 12 mars. La cathédrale Saint-Pierre, à Genève, a aussi eu de la chance. «Nous avons pu maintenir l’essentiel de nos activités par le hasard des dates, et par un système vidéo reçu juste à temps», explique Vincent Thévenaz, organiste et membre de la Fondation des concerts de la cathédrale. «Nous avons filmé les concerts prévus et lancé une chaîne YouTube. C’était une manière de maintenir les contrats avec les artistes.» L’offre virtuelle a aussi permis aux Théopopettes de rebondir. «Nous avons filmé les Parlottes. Nous avons pu ainsi honorer six contrats sur huit avec nos comédiennes», explique Florence Auvergne-Abric.

Solidarité

Les structures culturelles d’Église ont fait preuve de solidarité. «Nous n’avons pas dû payer l’entièreté des prestations annulées. En effet, nous avons trouvé un accord pour les reprogrammer, mais cela se fera peut-être à perte en raison de la jauge réduite de spectateurs, explique Didier Nkebereza. L’Église a une fonction de solidarité. C’est maintenant que cela peut se manifester de façon concrète.» Un élan aussi porté par les abonnés qui, pour la plupart, n’ont pas demandé le remboursement de leur billet. Messages de soutien et dons se sont multipliés aux Terreaux tout comme pour les Théopopettes: «Les gens ont été généreux. Cela va nous permettre de ne pas commencer la saison à sec.» Dans le même esprit, TemPL’Oz Arts a choisi de ne pas annuler mais de reporter en août son festival Été au jardin.

Subventions

Pour compenser les pertes, le monde culturel a obtenu des aides de la Confédération. Rien de moins sûr pour les institutions liées à l’Église. «J’ai fait plusieurs demandes qui n’ont pas abouti. Comme nous sommes confessants et que nous appartenons à l’EPG, nous n’avons pas droit aux compensations. Ce qui est une aberration, car l’Église de Genève vit de dons! L’Etat estime-t-il que l’Eglise est d’utilité publique? Là est la question», regrette Florence Auvergne-Abric. La compagnie de La Marelle, qui n’est subventionnée qu’à 10% de son budget total par l’EERV a, quant à elle, pu obtenir les aides de la Confédération. Et la Fondation des concerts de la cathédrale, indépendante de l’Église, n’a pas eu besoin de demander des subventions. «Mais ce sera une année déficitaire, c’est sûr», explique Vincent Thévenaz.

« On prie, on parie, on espère »

Ose-t-on espérer des jours plus heureux? «Les lieux culturels ont pu rouvrir le 6 juin, avec une jauge de spectateurs réduite, souligne le directeur des Terreaux. Pour un théâtre de 300 places comme le nôtre, cela implique actuellement de ne pouvoir accueillir que 70 spectateurs, et donc de fonctionner à perte. Il faudra peut-être aussi s’habituer à aller au théâtre avec un masque. En aura-t-on envie?» Vincent Thévenaz veut y croire: «Beaucoup de choses ont été programmées. On prie, on parie, on espère que cela pourra être maintenu!» Pour Séverin Bussy, directeur de la compagnie La Marelle, l’optimisme est définitivement de mise: «Pour la saison prochaine, nous avons déjà 35 dates prévues. Les paroisses ont une réelle envie de pouvoir proposer une offre théâtrale. J’ai trouvé cela formidable.» 

Florilège de l’été 

— Tous les samedis à 18h durant l’été: Festival international d’orgue et de carillon à la cathédrale Saint-Pierre à Genève. www.concerts-cathedrale.ch. 

— Festival ´Eté au jardin avec l’association TemPL’Oz Arts samedi 22, 29 août et 5 septembre www.templozarts.ch

— Une exposition en septembre sur le handicap avec l’association Présence. www.ref-bienne.ch

— Les vidéos des Théopopettes sur www.theopopettes.ch

— Prochain spectacle de La Marelle: Silence, on frappe, sur la thématique des violences conjugales. Début de la tournée le 17 octobre. www.compagnielamarelle.ch