« Résister au tyran, c’est obéir à Dieu »

John Knox / © Wikipédia
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John Knox
© Wikipédia

« Résister au tyran, c’est obéir à Dieu »

Virulent
Dans l’Ecosse du XVIe siècle, John Knox n’hésite pas à appeler à la violence contre les autorités civiles pour faire prévaloir les droits de l’Eglise réformée.

Luther, Calvin ou Zwingli ne sont pas les seuls à avoir «fait» l’Eglise protestante. Plusieurs autres hommes et femmes du XVIe siècle ont eu un rôle crucial dans la diffusion des idées réformatrices. Ils sont pourtant tombés dans l’oubli. John Knox est l’un d’eux. Acteur essentiel de l’édification d’une Eglise protestante en Ecosse, et même de la formation de l’Ecosse moderne, il ne dispose pourtant – dit-on – que d’un seul monument érigé en son honneur dans son pays, et sa tombe se trouve sous un parking… Et alors qu’il était un des prédicateurs les plus puissants de son époque, seuls deux des centaines de sermons qu’il a prononcés ont été publiés.

Purifier la religion

John Knox était un homme aux nombreux paradoxes. Cherchant à détruire le catholicisme – qu’il considérait comme de l’idolâtrie – afin de purifier la religion écossaise, il mettait au service de ce projet son éloquence enflammée. Plus encore: ministre de l’Evangile chrétien, il n’hésitait pas à prôner une révolution violente. Celui qui allait devenir le réformateur de l’Ecosse étudie à l’Université de Glasgow au début du XVIe siècle. Peut-être est-il prêtre, pourtant il exerce comme notaire et précepteur. En 1546, il se convertit à la Réforme et devient pasteur de la ville de Saint Andrews. Sa vie, ensuite, est intimement liée aux événements politiques européens et britanniques. Capturé par les Français, il est envoyé aux galères. A peine libéré, il se rend en Angleterre et devient aumônier du jeune roi Edouard VI. En 1553, il s’enfuit: la reine Marie Tudor persécute les protestants. Il gagne alors Genève, où il rencontre Calvin. Pasteur de l’Eglise anglaise de la ville, il participe à la traduction de la Bible dans cette langue. Il élabore aussi une liturgie, inspirée de celle de Genève, qui sera plus tard celle de l’Eglise écossaise.

L’épée de la justice appartient à Dieu, et si les princes et les dirigeants n’y font pas recours, d’autres le feront.
John Knox, réformateur écossais (1513-1572)

Révolution protestante

De retour au pays deux ans plus tard, il y prêche la Réforme calviniste, et s’en prend violemment à la reine Marie Stuart. Mais il doit de nouveau s’exiler et ne reviendra définitivement qu’en 1559. En Ecosse, catholicisme et protestantisme s’affrontent. En 1560 a lieu la révolution des nobles protestants, qui exigent l’abolition de la papauté et de la messe. John Knox contribue à la réussite de ce projet dans les années suivantes, en soutenant la destitution de Marie Stuart, puis en exerçant une influence considérable sur le nouveau roi, Jacques VI. Pour lui, les autorités civiles ont une responsabilité religieuse: elles doivent obéir à la loi de Dieu. Lorsque cela ne se produit pas, le souverain devient un tyran, et les fidèles ont le devoir de lui résister. Une idée qui dépasse de loin les positions calvinistes et qui fait débat, jusqu’à aujourd’hui. 

Ecosse presbytérienne

John Knox est l’un des fondateurs de l’Eglise presbytérienne en Ecosse, même s’il meurt avant son établissement définitif. Ce sera l’Eglise officielle et majoritaire. Le presbytérianisme se distingue de l’anglicanisme en renonçant à la structure épiscopale: il se caractérise par la présence de laïcs au sein des autorités locales et synodales, en parfaite parité avec les ministres du culte. Un système de gouvernance analogue à celui en usage dans les Eglises réformées.