Plus de trois quarts de la population mondiale vit dans des pays où la liberté de religion ou de conviction est fortement restreinte par l’État ou dans des pays présentant des niveaux élevés d’hostilité sociale provoquée par des motifs religieux, telle que des crimes haineux, des émeutes ou des actes de terrorisme religieux. «Afin d’édifier la paix, la stabilité et la démocratie, nous devons encourager une culture sociale, politique et juridique de la liberté de religion ou de conviction, une culture dans laquelle nous acceptons des droits égaux pour tous, malgré la divergence profonde de nos convictions», telle est la conviction de Norforb, un réseau oecuménique réunissant plusieurs Églises de Norvège, de Suède, du Danemark et de Finlande. Et c’est par le biais de la formation que ce mouvement compte faire progresser l’acceptation de la liberté de conviction. Présent à Karlsruhe, au travers d’un stand présentant ses activités, le mouvement propose une formation complète. 

Une formation des formateurs n’est disponible qu’en anglais et en arabe (dix semaines de cours en lignes, soit chaque semaine entre 2h et 2 h30 de conférence en ligne et 4h de travail personnel). Par contre, le matériel de cours (neuf modules) et le guide de l’animateur pour un cursus baptisé «Formation des acteurs de changement communautaires» sont disponibles gratuitement dans de nombreuses langues, dont le français. Ils comprennent neuf séances clé en main avec des témoignages, des animations, des présentations PowerPoint ou des histoires.

Les Églises nordiques sont largement engagées depuis quelques années dans la promotion de la liberté religieuse. Sur le site de l’oeuvre d’entraide de l’Église de Suède, Act svenska Kyrkan, on peut ainsi lire que «la démocratie et la liberté de religion vont de pair». Ce droit est présenté comme directement lié à d’autres droits démocratiques. L’organisation promeut ainsi la liberté religieuse dans les différents pays où elle est active, et c’est probablement à ce public-là que la formation proposée par Norforb s’adresse surtout. La question de la liberté religieuse est particulièrement cruciale pour les femmes qui sont régulièrement forcées de changer d’appartenance religieuse lors de mariage ou risquent de peiner à bénéficier de droits civils en cas de divorce dans les pays où le droit civil est religieux. 

Le Conseil œcuménique des Églises s’inscrit lui aussi dans cette démarche. En 2019, il a publié, en anglais seulement, un guide proposant une vision biblique sur la liberté de religion ou de conviction. «Il est inutile d’essayer de trouver une référence aux ‹droits humains› ou à la ‹liberté de religion ou de croyance› dans la Bible: ces références n’y existent pas. Mais, bien que ces mots et concepts ne figurent pas dans la Bible, on peut affirmer que les idées derrière eux sont bibliques», promet le document dès son introduction. La réflexion s’appuie largement sur les notions de dignité humaine, de liberté et de promotion de la paix. 

«Si la liberté de religion est attaquée par des acteurs étatiques ou non étatiques, cela affecte directement la dignité des individus et de communautés entières et met en péril leurs biens et leurs lieux de culte. Rappelons simplement ici la violence et les violations des droits de l’homme en Syrie et en Irak», cite le document du COE. «Ceux qui croient avoir été créés à l’image de Dieu ont la grande responsabilité de protéger cette image non seulement en eux-mêmes, mais aussi chez les autres.» La publication préconise plusieurs actions qui peuvent être menées en Église ou en paroisse.