Christian Miaz prend la tête de l’église neuchâteloise

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Christian Miaz prend la tête de l’église neuchâteloise

Laurence Villoz,
6 juin 2013
Le pasteur Christian Miaz (à droite sur la photo
) a été élu président du Conseil synodal (exécutif) de l'Eglise évangélique réformée neuchâteloise (EREN) mercredi à la Rouvraie. Il a obtenu 36 voix alors que son concurrent, le pasteur français Didier Meyer en a reçu 11. Le nouveau président du Conseil synodal prendra ses fonctions dès le 1er septembre 2013.

Bevaix

«Les candidats semblaient être à égalité mercredi dernier lors de leur présentation», lâche Jacques Laurent, le président du synode (législatif). Lors de leur présentation, le public leur avait reprochés de ne pas avoir exposé de lignes directrices pour leur future fonction. Christian Miaz a tenu compte des critiques et a présenté sa façon de conduire l’Eglise réformée évangélique neuchâteloise (EREN) lors du synode, contrairement à son adversaire. Le synode lui a donné sa préférence.

Ce théologien, d’origine vaudoise, travaille depuis plus de 27 ans à l’EREN. Pasteur aux Hauts-Geneveys, à Cernier puis à Fontainemelon, cet homme de 55 ans a été président du synode pendant deux ans. D’ici trois mois, il quittera son poste à la paroisse du Val-de-Ruz, après huit années d’activité. Face à lui, le pasteur alsacien de 45 ans, Didier Meyer, qui travaille dans les paroisses de Menton, en France, et de Monaco, n’a pas fait le poids.

L’actuel président, Gabriel Bader (à gauche sur la photo) se retirera du Conseil synodal, fin juin, après 7 ans d'activité. En attendant que Christian Miaz entre en fonction, c’est la vice-présidente laïque Barbara Borer et le responsable des ressources humaines, Fabrice Demarle, qui assureront la présidence.

Le synode refuse un candidat

Suite à l’élection du nouveau président, le synode a dû se prononcer sur le choix de trois conseillers synodaux. L’élection n’a pas été sans remous. L’un d’entre eux, le pasteur Pascal Würz n’a pas été élu. «C’est la première fois que cela se produit», relève le conseiller synodal, Laurent Vuarraz, qui va quitter son poste en octobre 2013.

«La collaboration avec Pascal Würz est compliquée», explique le député synodal Jean-Claude Barbezat, président de la Commission d’examen et de gestion (CEG). Ce dernier a demandé un huis clos pour expliquer pourquoi la CEG ne soutenait pas ce candidat, ce que le synode a refusé. «Nous n’avons rien à cacher, exprimons-nous avec transparence», a tempéré Gabriel Bader. Plusieurs députés ont reproché à ce pasteur de formation de travailler actuellement comme prédicateur laïc. L’incohérence dans la démarche de ce candidat a déplu au synode.

Face à cette large désapprobation, un député a proposé la candidature de Didier Meyer. En vain. Les deux autres candidats, la conseillère synodale laïque, Antoinette Hürni et le pasteur Jean-Philippe Calame ont en revanche remporté haut la main le vote du synode. Le Conseil synodal compte sept membres, quatre laïcs et trois ministres, dont le président. A ce jour, une place de conseiller synodal reste vacante.

Trois postes de moins

Les députés synodaux ont accepté, après un long débat et moyennant quelques changements, un projet de restructuration et ses conséquences sur la vie communautaire. Le projet propose, entre autres, d’augmenter la collaboration entre les paroisses.

Dès le mois d’août, 3,6 places de travail seront supprimées sur la cinquantaine au total: 1,5 dans les paroisses et 2,1 pour les services cantonaux. Selon le projet de restructuration, d'ici trois ans, il fauda encore supprimer entre 4 et 6 postes pour arriver aux huit à dix prévus. Ces dix dernières années, le nombre de paroisses est passé de 52 à 9 ce qui a déjà permis de réduire le nombre de postes.

Bien que les comptes 2012 soient équilibrés, l’EREN reste dans une situation financière délicate. Entre 2007 et 2012, l'apport des contributions ecclésiastiques a baissé de 18%. «Et il diminuera probablement encore», s’inquiète Gabriel Bader. Si les comptes de l’EREN sont actuellement stables, c’est grâce à la stratégie immobilière mise en place. Ces cinq dernières années, la vente d’immeubles et de legs a rapporté plus de dix millions de francs.

Trois questions à Christian Miaz

Quelle est la première mesure que vous allez prendre quand vous entrerez en fonction au mois de septembre?

«Je vais devoir me plonger dans tous les dossiers, car quand on n’est pas au Conseil synodal, on perd vite la vision d’ensemble sur l’EREN. Concrètement deux mesures me tiennent à cœur: je vais profiter de ma première année pour faire le tour de toutes les paroisses. Je tiens beaucoup à être en lien avec les paroisses, à être aussi le président des paroisses, comme le pasteur est en lien avec ses paroissiens. La seconde mesure consiste à utiliser les résultats de l’étude menée par l’institut MIS-Trend (cf. article Protestinfo) sur les différents styles de vie des membres de l’Eglise. Ces résultats sont très précieux, ils vont nous aider à communiquer avec tous nos membres.»

Comment ressentez-vous le fait de vous retrouver à la tête d’une église qui a de problèmes financiers et des projets de restructuration?

«C’est le lot de l’Eglise de Neuchâtel, je l’ai toujours connue ainsi. Mais depuis quelques années, le Conseil synodal a développé plus d’instruments de travail et s’est donné des objectifs à long terme, ce qui est rassurant. Evidemment, c’est un changement radical dans ma vie professionnelle. Mais j’ai confiance dans le Conseil synodal et le synode, et nous allons pouvoir avancer ensemble.»

On a reproché à Gabriel Bader d’être un président trop managérial. Comment pensez-vous pouvoir diriger cette église de façon plus spirituelle?

«Contrairement à Gabriel Bader, je n’ai pas de formation dans le management. Je m’appuie beaucoup sur les autres. Lors de ma présentation, avant l’élection, on m’a reproché de n’avoir pas présenté mes lignes directrices. Je vais travailler avec le Conseil synodal, le synode et les paroisses pour trouver ma façon de diriger l’EREN, avec des axes concrets.»

Cet article a été publié dans :

Le quotidien genevois Le Courrier le 8 juin.