Les pèlerins retournent sur le lieu du baptême de Jésus alors qu’Israël enlève les mines terrestres

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Les pèlerins retournent sur le lieu du baptême de Jésus alors qu’Israël enlève les mines terrestres

20 mai 2011
Qasr el Yahud, Cisjordanie, le 20 mai (ENInews/Judith Sudilovsky )
– Les pèlerins reviennent en nombre sur le lieu traditionnel du baptême de Jésus au bord du Jourdain, alors qu’Israël enlève les mines terrestres vieilles de 40 ans.

"C’est un lieu très sensible du point de vue politique et religieux, important aussi bien pour les chrétiens que pour les juifs", indique le lieutenant colonel Ofer Mey-tal, du Département de l’administration civile, qui supervise le projet. Selon la tradition juive, c’est aussi là que les Hébreux traversèrent le fleuve pour atteindre la Terre promise après leur fuite d’Egypte.

Situé dans une zone militaire fermée en Cisjordanie, à quelques kilomètres de Jéricho, le site – Qasr el Yahud – est vénéré depuis le quatrième ou le cinquième siècle comme le lieu où Jean Baptiste reconnut en Jésus le Messie. Il figure sur la carte de Madaba, datant du sixième siècle, représentée sur le sol en mosaïque d’une église byzantine primitive découverte lors de fouilles à Madaba, en Jordanie.

Le nombre des visiteurs a triplé

Le nombre des visiteurs a triplé depuis 2004 pour atteindre près de 60 000 en 2010 et quelque 44 000 durant les quatre premiers mois de 2011, indique le directeur du site Saar Kfir, du Département de l’administration civile, qui a juridiction sur le site.

Alors que les Israéliens soutiennent que Jésus a été baptisé sur leur rive du Jourdain, les Jordaniens sont fermement convaincus que le lieu du baptême se trouve de leur côté du fleuve, à quelques mètres de la rive. Le pape Benoît XVI s’est rendu sur le site du côté jordanien du fleuve en 2009, mais il n’a pas ouvertement soutenu les affirmations de l’un ou l’autre camp. Les Jordaniens ont effectué des fouilles de leur côté du fleuve et ont trouvé des vestiges du site de Béthanie tel qu’il est mentionné dans les Evangiles, déclare le guide touristique et archéologue israélien Harley Stark.

L’accessibilité à Qasr el Yahud a varié au fil du temps. Le site a été ouvert quelques mois durant l’été 2000: les pèlerins pouvaient alors le visiter moyennant coordination préalable avec l’armée, indique Kfir. Lorsque l’intifada palestinienne (soulèvement) éclata en 2001, le site fut pratiquement fermé en raison, dit Kfir, du manque de visiteurs. Les pèlerins ne venaient que pour des cérémonies religieuses, sous escorte militaire, à l’occasion de l’Epiphanie orthodoxe, de l’Annonciation catholique ou de la fête de Pâques orthodoxe. En septembre dernier, ajoute Kfir, le site était ouvert aux visiteurs chaque jour sauf le vendredi, moyennant coordination préalable avec le bureau du site.

Des améliorations ont été apportées au site dans le cadre d’un projet mis en place conjointement il y a 11 ans par l’Administration civile, l’Office israélien de protection de la nature et des parcs nationaux, qui gère le site, et le Ministère du tourisme.

Jusqu’ici, 2.93 millions d’USD ont été investis dans le projet, déclare Mey-tal. Il y a deux mois, on a commencé à enlever les mines terrestres près de l’entrée. Pour l’heure, les mines terrestres restantes sont entourées d’une clôture de barbelés clairement marquée. Israël a placé les mines au début des années 1970, à une époque où les tentatives d’incursions terroristes à la frontière avec la Jordanie étaient fréquentes, dit-il.

Des clôtures en fil de fer barbelé marquent encore le sentier

Des clôtures en fil de fer barbelé marquent encore le sentier poussiéreux qui mène à l’entrée du site, entourant les vestiges de sanctuaires et d’églises du début des années 1900. Un poste de garde a été construit récemment à l’entrée du site et une barrière électrique va prochainement être mise en place, dit Kfir. Dans quelques semaines, ajoute-t-il, les visiteurs pourront venir librement sur le site, et on prévoit une ouverture officielle.

Des fonds supplémentaires permettront de financer des douches pour les pèlerins, un parking plus vaste, des zones ombragées et des moyens d’accéder au fleuve pour les personnes handicapées, indique Mey-tal.

Parmi les visiteurs se trouve le touriste polonais Miroslav Piotrovsky, assis sur les marches en bois menant au fleuve, qui pique-nique avec sa femme et ses deux fils. Piotrovsky, qui est catholique, affirme qu’il n’est pas perturbé par la présence de deux soldats armés.

"En Pologne, nous avons entendu parler de la situation ici, par conséquent nous trouvons cela normal. Il y a parfois des troubles dans cette région, il est logique qu’on s’y prépare. En ce qui nous concerne, il n’y a pas de problèmes avec la Jordanie", remarque-t-il alors que son fils de 9 ans, Norbert, patauge dans l’eau. "Mes fils ont déjà été baptisés en Pologne, mais pour nous il est important que la famille puisse voir le lieu où Jésus a été baptisé."

Vêtus de longues robes blanches, des pèlerins orthodoxes roumains se préparent à célébrer un renouveau collectif du baptême dans le fleuve, alors qu’un groupe de pèlerins italiens catholiques remonte les marches qui mènent à l’esplanade et à la chapelle un peu à l’écart, pour assister à la messe

"C’est beau", dit Alejandra David, 27 ans, qui vient de Roumanie. "Nous ne savons pas si nous reviendrons un jour ici. Il est important d’être en ce lieu où Jésus a été baptisé."
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