Succession de Thomas Wipf à la FEPS: un réformé lucernois sort du bois
Plus d'une trentaine de délégués romands de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) sont venus écouter Gottfried Locher et Didier Halter lors d'un « hearing » à Lausanne mardi dernier sur une invitation de l'Eglise réformée vaudoise (EERV). Les Eglises romandes, regroupées au sein de la Conférence des Eglises romandes (CER), ont revendiqué un candidat romand dès le début de la campagne.
Les délégués, qui ont fait le déplacement, ont évalué le candidat bernois à l'aune de sa compréhension et de sa prise en compte de la minorité romande. Et se sont demandés si le Valaisan, issu d'une Eglise minoritaire, avait la carrure pour rayonner au niveau national.
Pas de successeur naturel
"Les jeux sont ouverts", a estimé un délégué à la sortie de la réunion. Les délégués romands n'ont pas pris position officiellement. "Il n'y a pas de successeur naturel", a relevé un autre participant. L'ombre d'Antoine Reymond, l'ancien leader de l'Eglise réformée vaudoise, a plané sur l'assemblée. Nous aurions voté pour lui, a dit à ProtestInfo Andreas Zeller, président de l'Union synodale Berne-Jura-Soleure.
Il s'agissait d'un tour de chauffe avant l'audition nationale prévue le 8 mai à Olten (SO) et l'élection le 13 juin à Herisau (AR). A cette occasion, le nom du troisième et dernier candidat a été soufflé, celui d'un réformé, issu d'une Eglise minoritaire à Lucerne, un canton à majorité catholique: David A.Weiss.
« Les réformés ont besoin d'un souffle nouveau, a-t-il expliqué à ProtestInfo. Ils doivent apprendre à gérer leur nouveau statut de minoritaires, adapter leurs structures à cette nouvelle donne et renforcer les liens entre les Eglises membres, tout en restant attachés au fédéralisme. »
Dans l'idéal, une seule Eglise protestante de Suisse est une bonne idée, a expliqué le Lucernois. Mais il préfère miser sur « ce qui est réalisable ». La structure fédéraliste est essentielle. Les Eglises doivent rester fortes et ancrées dans leur histoire locale, selon lui.
Quel avenir pour la FEPS?
Reste qu'un certain nombre de points peuvent être appréhendés à un niveau plus large que le cantonal. « La FEPS n'est pas une Eglise. Elle est un centre de compétences et de coordination pour les Eglises membres », estime-t-il.
Minoritaire à Lucerne face aux catholiques dans un rapport de 1 à 6, il se targue d'avoir obtenu avec son Eglise un traitement paritaire des autorités cantonales. Mais cette acceptation d'un passage d'un statut d'Eglise majoritaire à celui de minoritaire est diversement perçue au sein de la FEPS. Les grandes Eglises rechignent à plier devant cette logique. Comme les Eglises membres, la FEPS est sous pression et sommée par celles-ci d'économiser l'équivalent d'un poste de travail sur la trentaine de personnes qu'elle emploie à Berne.
M. Weiss a été actif au niveau national comme membre du Conseil de la FEPS (1999-2005). Le Lucernois a également assumé la présidence de la KIKO, la conférence des Eglises de Suisse alémanique (Schweizerisch Evangelischer Kirchenbund), l'homologue de la CER en Suisse romande. Il est président à l'heure actuelle des médias réformés alémaniques (Reformierte Medien).
INFOS ARCHIVES
- Lire les articles sur le site de ProtestInfo sur Didier Halter , Gottfried Locher , le départ de Thomas Wipf et la crise chez les réformés , publiés les 29 mars, 24 février ainsi que les 11 et 20 janvier.