FEPS: un Romand veut incarner les protestants en Suisse
29 mars 2010
Sion – Un Romand veut incarner les protestants en Suisse. Alors que les réformés suisses font face à des défis sans précédent, le Valaisan Didier Halter n'a pas froid aux yeux. Il prétend à la succession du Zurichois Thomas Wipf à la tête de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS). Le Valaisan a un seul concurrent pour l'heure: Gottfried Locher, issu de l'Eglise bernoise, un poids lourd de la FEPS.
Si le Bernois Gottfried Locher vient d'une Eglise majoritaire, Didier Halter incarne une Eglise minoritaire. A l'heure où les Eglises prennent conscience de leur perte d'influence, avec les craintes qui y sont liées, M. Halter a la confiance en lui des minoritaires de longue date. « Là où les protestants sont une minorité et vivent dans un contexte de sécularisation, ce courant garde sa capacité d'attractivité », évalue-t-il.
En Valais, canton catholique, il a dirigé une Eglise réformée romande et alémanique. « Je suis un pasteur, qui connaît la paroisse et la réalité du terrain. La mesure de mon action est le paroissien », a-t-il souligné.
Le successeur de M. Wipf devra non seulement incarner les protestants au niveau suisse, mais permettre à la FEPS de mieux être à l'écoute des Eglises cantonales. « J’aimerais que la FEPS puisse jouer un rôle plus important à l'avenir afin d'aider les églises membres dans les mutations importantes qu'elles traversent », propose M. Halter.
Apprendre à être minoritaire La FEPS pourrait servir de plateforme d'échanges et de lieu d'évaluation théologique des nombreuses initiatives locales issues de ces changements, préconise le Valaisan à l'instar du sociologue Jörg Stolz, directeur de l'Observatoire des religions dans une étude, consacrée à « L'avenir des réformés ». « La FEPS serait aussi une aide précieuse pour éviter aux églises la tentation du repli sur soi », a encore souligné M. Halter.
Renforcer l'unité des Eglises membres sera incontournable. Mais le Valaisan d'adoption se veut rassurant en soulignant son attachement au système presbytéro-synodal. « Le système est lent et les résultats ne sont pas immédiatement visibles, mais il ne s'agit pas d'avoir raison tout seul, il faut encore obtenir une adhésion la plus large possible ».
Meilleure cohésion des réformés Les réformés ont un rapport tendu avec une autorité centrale. « La FEPS n'est pas le lieu du pouvoir central. Mais son rôle ne se limite pas non plus à celui d'un super-ministère des affaires extérieures au niveau fédéral », a-t-il relevé. Désormais, la majorité des Eglises en Suisse n'ont plus les moyens d'assumer toutes leurs tâches, selon lui. La FEPS doit pouvoir les aider à mieux partager les bonnes initiatives comme les ressources humaines.
Les réformés sont appelés à redire leur identité qui ne va plus de soi dans une société plurielle. M. Halter définit le protestantisme comme une version joyeuse et rigoureuse du christianisme. « Les réformés devraient trouver avec le salut par la grâce le calme et la joie », a-t-il relevé.
Candidat latin
Dès l'annonce du départ de M. Wipf, les Romands, rassemblés au sein de la Conférence des Eglises réformées de Suisse romande (CER), ont défendu l'idée d'une candidature latine. C'est désormais chose faite: les autorités ecclésiales valaisannes viennent d'adouber leur champion, Didier Halter, 47 ans.
Ce bilingue d'origine alsacienne préside l'Assemblée des déléguées de la FEPS depuis 2009, après en avoir assumer la vice-présidence pendant deux ans. Sa double culture lui permet de percevoir les réalités des Eglises romandes et alémaniques.
Le 8 mai, tous les candidats à la succession de M. Wipf passeront une audition devant l'assemblée des délégués de la FEPS à Olten (SO).
- Lire les articles sur les changements à la tête de la FEPS, publiés les 11 et 20 janvier ainsi que le 24 février.